Résumé
Résumé :
L'innovation est au cœur de l'enseignement des langues: l'espoir du changement, les mutations, les ruptures créatrices s'y sont succédé, depuis la Grammaire latine de Lhomond et la linguistique de Saussure, aux technologies du son, de l'image et de l'informatique; de l'analyse des besoins et des profils d'apprenants aux processus d'acquisition; du rôle de l'enseignant, médiateur, passeur de cultures, jusqu'aux NBIC, nano- et biotechnologies, sciences cognitives, numérique et intelligence artificielle, dont nous entrevoyons seulement les possibilités. Au regard de ce champ complexe, la tâche de la didactique des langues porte sur le repérage et la théorisation de l'innovation. Que retenir de la nouveauté (manuel, méthode, dispositif...) mise sur le marché? Comment concilier ce qui, par expérience, fonctionnait, et ce qui remet en question les habitudes? L'hypothèse de travail est qu'une nouvelle perception et une mise en réseau des ressources peuvent animer, mais surtout orienter la réflexion. Des sciences du langage aux NBIC, une didactique réticulaire invitera à repenser ensemble moyens et dispositifs. Dépassant la notion d'éclectisme, elle se fonde sur l'analyse systémique des régions de réalité, au sens de Heisenberg, et de leur connexion, pour en tirer des principes d'action: concepts et moyens n'existent et ne font sens que dans la relation. Cependant, loin d'inciter à se précipiter dans les technosciences, réinventer l'enseignement en langues consistera d'abord à se demander pourquoi les apprendre, et pour quoi (en) faire. On n'écartera donc ni les fondamentaux hérités de l'histoire de l'éducation, ni les conditions sociétales et la logique culturelle propres à notre siècle, qui est celui d'une postmodernité telle que la définit Jameson. On ne cherchera pas à renvoyer à une méthodologie, qui enfermerait, mais à une philosophie de l'éducation, qui doit inspirer l'action: quand les technosciences proposent à l'école leurs applications, c'est à l'école de prendre le contrôle de l'innovation.