Résumé
À l'origine, Dieu parle à l'Homme. Il l'a créé avec la parole et l'en a doté. L'homme écoute Dieu, mais ne lui parle pas. Puis, parallèlement à l'annonce monothéiste, Abraham et ses successeurs développent le concept de prière. L'homme peut parler à Dieu, intercéder, demander. Vient ensuite le peuple juif souverain, entité nationale sur sa terre, dotée de la splendeur du Temple des juifs qui rayonne pour l'humanité. La prière se fond dans le culte sacrificiel. La parole collective existe mais se fait discrète, en retrait face à l'ordre révélé. Mais soudain tout bascule. Le Temple brûle, la souveraineté est anéantie, le culte piétiné, le peuple choisi, dispersé. Le judaïsme historique voit le jour ; celui d'un peuple de messages et de valeurs, d'une religion de parole avant tout. Les actes se maintiennent, mais ce sont les mots qui les font vivre. La parole devient acte. Synagogues et maisons d'étude vont en devenir le contenant, le cadre. La prière est devenue Temple, le Temple est devenu parole, la vie est devenue mots. Les juifs remontent le temps à contre-courant, à la recherche de la parole créatrice. Envers et contre l'oppression, ils atteignent la « prière liberté », celle qui répond à la révolution démocratique, à la révolution industrielle, à celle du monde des lumières et du savoir, toujours par la prière, encore dans la prière. Jusqu'à passer de « l'autre côté » de l'histoire humaine ; celui qui succède à Auschwitz et à Hiroshima ; celui où Internet et la technologie inondent l'humanité d'un Maboul de paroles, dont personne ne comprend plus la cohérence. Une fois encore, la prière juive s'adapte et adapte ; elle devient la « prière chaos » ; le nouvel ordre est dans le désordre créateur de la parole. Là également se trouve l'espoir.
Sommaire
Avant-proposIntroductionChapitre premier. — La « prière à naître », un rapport de proximitéLa prière, outil du culte : dialogue de la conscience et expiationLa prière au coeur d'un monde pluridimensionnelL'homme, médiateur entre Dieu et l'homme : de la proximité à Dieu, à la proximité à l'autreIndividuation archétypique de la prière : la prière de ‘HannaLorsque Dieu se mêle de prière ou : la promesse de l'aubeFondements précoces de la prière institutionnelle : conscience et remerciementsChapitre II. — La « prière institution », parer au délitement de la souverainetéLa Grande AssembléePréparation à l'exilLa colonne vertébraleL'absence d'auteurs individuels : naissance d'une nouvelle forme d'autoritéÉbauches de synagogues et bouleversements socio-cultuels Un collectif en mutationDésincarnation de la prière, première émergence de l'individuChapitre III. — La « prière rempart », un cadre salvateurTransformation de la vie juiveD'une religion nationale à une religion nourrie de motsDu tangible à l'abstrait : concurrence entre prière et étudeLa synagogue : un nouveau lieu par excellencePermutation entre la prophétie et la sagesse La prière, des mots aux actesChapitre IV. — La « prière conquérante », cristal des identitésNaissance des ritesConsolider le monde de la prièreLes prières complémentairesLes compositeursLes grandes ruptures de ritesRigueur du rite, protection des identitésChapitre V. — La « prière liberté », une spiritualité entre émotion et intellectL'expérience émotionnelle et spirituelle de la prièreDes larmes en guise de prière Liberté de l'émotion, rigueur de l'intellect ou : l'émancipation de la prière face à l'étudeL'avènement de la révolution ‘hassidique : la danse des lettres, l'autosuffisance de la mélodie Les voies du Seigneur sont pénétrablesChapitre VI. — La « prière chaos », révolte, renaissance et anarchieRenaissance de la langue hébraïqueDes écoles de pensée à la prière politiqueLa « décolonisation » du monde religieuxBrassage contemporain des ritesLe village mondial de la prièreAutonomie des lettres, des mots et du sensDésappropriation, réappropriation du monde des motsUn remède à l'anarchie des valeurs ? L'outil des restructurations récurrentes ConclusionBibliographie
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