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Le dernier homme de Fukushima

Le dernier homme de Fukushima

Antonio Pagnotta

218 pages, parution le 07/03/2013

Résumé

Tomioka était une ville tranquille de la côte est du Japon où vivaient, avant le 12 mars 2011, 16 000 habitants ; aujourd'hui il n'en reste qu'un, Naoto Matsumura.

Tomioka a été évacuée au lendemain du tsunami, en raison de la fusion du coeur de trois réacteurs de la centrale de Daiichi, propriété de Tepco. En dépit des efforts et du courage des ouvriers, les réacteurs continuent de cracher de la radioactivité. La catastrophe de Fukushima marque la fin de l'utopie nucléaire et le début d'une catastrophe écologique qui va durer des siècles. Les habitants ont été évacués hors de la zone rouge, abandonnant animaux domestiques et animaux de ferme. L'ordre d'évacuation, initialement de 48 heures, a été prolongé. Il sera permanent.

Matsumura, lui, a refusé de quitter la ferme où sa famille vit depuis cinq générations, pour manifester sa colère et sa résistance au géant de l'industrie nucléaire. Il ne calcule pas les doses qu'il reçoit quotidiennement et met un point d'honneur à nourrir les bêtes encore vivantes. Il parle franc et pointe l'opérateur nucléaire dont la toute-puissance est palpable dans le pays.

Rapidement, la presse étrangère s'est intéressée à ce "dernier homme debout". Le parc nucléaire du Japon est le 3e au monde avec 54 centrales, derrière les Etats-Unis... et la France (58). Tepco, le shogun du nucléaire, continue d'agir dangereusement, soutenu par l'Etat. Leurs choix sont d'abord économiques. Il s'agit pour eux de sauver le pays de la faillite ; à n'importe quel coût humain.

Mais la résistance s'organise. Les mères de Fukushima s'indignent. A Namie, un lapin sans oreilles est né. Symbole du Japonais en révolte passive, il ne veut plus rien entendre. Matsumura, dans sa lutte, incarne la terre contre le nucléaire.

Sommaire

Le début du livre

1er juin 2011.

Le rendez-vous avec Naoto Matsumura avait été pris à l'intérieur de la zone interdite, où il vit depuis plus de deux mois dans un désert humain et une atmosphère toxique, et où le temps s'est arrêté au lendemain du séisme. Il est le dernier habitant de Fukushima. Dans un acte de résistance insensée, motivée par une colère légitime, Matsumura a choisi les radiations plutôt que la soumission. L'homme a refusé d'évacuer la zone pour des raisons d'honneur et défie le Tepco, géant de l'industrie nucléaire et opérateur des centrales accidentées. Il est devenu l'ermite de Fukushima, le porte-drapeau de la résistance japonaise face au désastre nucléaire, et une icône mondiale.

Dans certains journaux étrangers, on parlait de ces rares fermiers qui refusent l'évacuation des lieux, malgré l'air toxique que l'on y respire. Naoto Matsumura, parmi d'autres agriculteurs, y exprimait ouvertement sa colère à l'encontre de la compagnie d'électricité. J'avais donc rendez-vous avec le dernier homme debout, un fermier dont le propos, la détermination et le courage avaient notamment été rapportés par l'agence Associated Press. Loin de considérer que seules les causes naturelles avaient provoqué la catastrophe, il pointait la responsabilité du groupe Tepco et manifestait son refus de se soumettre au silence et d'abandonner sa terre. De l'avis de Matsumura, la compagnie mortifère ne devait pas l'emporter à moindre frais ni enfouir ses fautes dans un lieu déserté, à l'abri du regard des hommes. Son refus d'obéir aux autorités était un choix humain – un choix pour l'humanité. Dans l'histoire du Japon et par-delà sa constitution démocratique, il s'inscrit dans une tradition profondément féodale du sacrifice. À chaque grande crise, certains Japonais font preuve d'abnégation, comme ce fut le cas des kamikazes durant la Seconde Guerre mondiale. Si Tepco n'est pas le nouvel empereur de la nation, il en est le shogun – le chef qui exerce le véritable pouvoir. À la teneur des propos de Matsumura, je compris que son combat le plaçait dans la catégorie bien particulière de ceux qui pensent par eux-mêmes. Dans ce pays où l'on ne prononce un mot plus haut que l'autre, ses propos tranchants m'avaient convaincu de braver la radioactivité et, un moindre mal, la police nippone.

Tomioka, le bourg que Matsumura a toujours habité, est pris en étau entre deux centrales nucléaires, Daii Ichi et Daii Ni, respectivement nommées " le grand un " et " le grand deux ". Avant le 12 mars 2011, c'était une petite ville paisible de la côte est où vivaient seize mille habitants. Depuis la fusion des trois cœurs de réacteur de Daii Ichi, la compagnie Tepco était devenue synonyme d'abjection et de destruction. Cependant, dans cette période très sensible de l'après-tsunami, l'élite japonaise des ministères, de la finance et des industries avait besoin du soutien populaire. Journaux et médias étaient priés d'impulser une opinion favorable, au nom de l'unité nationale : Tepco est le nerf de la guerre de l'industrie japonaise, sans électricité bon marché, les usines ne peuvent pas tourner. Dans cette volonté de consensus à tout prix, et dans un pays où la pensée est généralement formatée de haut en bas, Matsumura conservait sa liberté de réflexion et d'expression. Pas de doute, l'homme avait l'étoffe pour devenir un porte-parole dans ce Japon frappé par le désastre, peut-être celle d'un chef.

J'avais raté l'événement. Mon père était mort le 12 mars, le lendemain du séisme au large des côtes du Tohoku qui avait provoqué le tsunami. De l'effroi de ce pays, que je connais depuis vingt-deux ans et dont j'ai publié les vices et les vertus dans divers magazines du monde, je n'avais rien pu saisir. C'est pourquoi, à l'aube de cette première journée de juin, j'avais délaissé la courtoise frénésie de Tokyo pour la gare d'Iwaki où j'avais grimpé dans un tortillard grinçant. Derrière le masque d'une légèreté forcée et les éclats de rire bruyants, les passagers se rongeaient les sangs, éloignés de seulement 47 kilomètres de la centrale nucléaire. Pour arriver au point de rencontre avec le fermier de Tomioka, il me faudrait encore parcourir 20 kilomètres le long des rails, les oreilles agacées par le coassement des grenouilles dans les rizières.


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Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) Don Quichotte
Auteur(s) Antonio Pagnotta
Parution 07/03/2013
Nb. de pages 218
Format 14 x 21
Couverture Broché
Poids 280g
Intérieur Noir et Blanc
EAN13 9782359491296
ISBN13 978-2-35949-129-6

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