Résumé
La ville est devenue le lieu par excellence de fabrication du patrimoine. Les politiques publiques ne se contentent plus de réhabiliter et de valoriser les quartiers anciens, les bâtiments publics et les églises. Elles associent les citadins aux procédures de "requalification de leurs lieux de vie" en s'appuyant sur la collecte de leurs souvenirs, en valorisant l'histoire particulière qu'ils ont entretenue avec la ville. La patrimonialisation semble ainsi se développer à partir de deux opérations : des procédures juridiques, héritières de la Révolution française, qui mettent l'accent sur l'universalité, l'irrévocabilité, la transmissibilité ; des processus sociaux qui mettent l'accent sur l'environnement, sur le contexte et se nourrissent de l'histoire des hommes et de leur mémoire. Si ces particularités évoquent deux conceptions du patrimoine - à côté du patrimoine savant, les sciences sociales confèrent depuis plusieurs décennies reconnaissance et légitimité aux patrimoines sociaux - la différence entre elles n'est pas dans la nature de l'objet patrimonialisé mais dans sa construction, dans la capacité des acteurs sociaux à mobiliser les procédures, à faire reconnaître leurs choix et, in fine, à rendre légitimes leurs modèles culturels et leur histoire. L'exemple des politiques culturelles dans la région Rhône-Alpes montre que toute patrimonialisation est toujours, au bout du compte, sociale et politique. Cependant, le passé n'est pas seulement construit dans le présent, il est aussi construit par le présent. La patrimonialisation détache symboliquement l'objet patrimonial de son contexte, le convertit en une ressource culturelle visant à perpétuer le souvenir de l'événement passé sous une forme stabilisée. Ainsi, pour exister en tant que tel, le patrimoine naît d'une rupture qui résulte d'un travail de deuil au sens freudien mais aussi d'une opération fondamentale de la mémoire collective telle qu'analysée par Maurice Halbwachs. En décontextualisant l'objet patrimonial et en le rendant irrévocable, la patrimonialisation construit, entre un territoire ou un groupe social et son passé mis à distance, une relation souvent mythique mais néanmoins créatrice de lien social et qui imprègne même les ambiances urbaines. En définitive, si la mémoire et le patrimoine n'existent pas sans invention, ils tirent leur efficacité symbolique de l'invisibilité du processus qui les fait naître.
L'auteur - Michel Rautenberg
Autres livres de Michel Rautenberg
Sommaire
- La memoire entre elaboration et transmission
- La mémoire collective : un travail des sociétés sur elles-mêmes
- La mémoire sans institutions de l'immigration algérienne à lyon
- La mémoire par l'institution de mémoire
- Les faiseurs de mémoire
- Figurer le temps et les lieux par le patrimoine
- La maison, une matrice méconnue de la conception moderne du patrimoine
- Le patrimoine : une construction régalienne et savante
- La patrimonialisation, entre construction sociale et politiques publiques
- Dynamiques et enjeux de la patrimonialisation
- Le fil de la mémoire et la rupture patrimoniale
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | A la croisée |
Auteur(s) | Michel Rautenberg |
Parution | 01/08/2003 |
Nb. de pages | 176 |
Format | 17 x 23 |
Couverture | Broché |
EAN13 | 9782912934079 |
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