Résumé
Ce livre rassemble quatorze portraits d'électrices et d'électeurs. Construit à partir d'entretiens approfondis et répétés, menés par une équipe de politistes et de sociologues entre 2016 et 2021, chacun de ces portraits raconte une existence et une façon d'être électeur dans la France contemporaine. A rebours des analyses qui font de l'acte de vote une évidence, ces portraits retracent le cheminement, à la fois singulier et collectif, parfois tortueux et jamais simple, que suppose la décision de donner sa voix à tel candidat plutôt qu'à un autre. Les quatorze itinéraires de vie qu'explore ce livre sont diversement articulés à la politique. Ceux qui se sont prêtés au jeu de l'enquête ont fait part de leurs convictions, et de leurs hésitations, des petites raisons ou des grandes résolutions qui ont progressivement donné sens à leur vote. Un sens souvent machinal, traduisant la persistance de préférences politiques anciennes que la configuration des options proposées peut toutefois mettre à l'épreuve. D'autres fois, un sens moins prévisible, exprimant une inclination nouvelle voire inattendue, qui se cristallise dans la tension du moment électoral et se dissipera peut-être avec elle. Mais, il ressort de chaque portrait tout ce que ce "choix", en apparence intime, doit à l'univers de vie, aux sociabilités, à la trajectoire biographique, bref à la place qu'occupe chaque électeur dans la société.
Sommaire
Introduction. Florence, Asma, Stéphane, Lucien et les autres... Portraits de Français en électeurs, Éric Agrikoliansky, Philippe Aldrin et Sandrine Lévêque Portrait 1. « Peu à peu, on s'est convertis à Macron » Le vote des beaux quartiers entre tradition et modernité, Éric Agrikoliansky Anne-Sophie, 70 ans, « mère au foyer » puis assistante administrative, et Louis, 68 ans, cadre dirigeant du secteur bancaire retraité Mise en perspective. Le vote de classe : la bourgeoisie économique en politique Portrait 2. « Entre principe de responsabilité et principe de conviction » Le vote Macron de la (petite-)bourgeoisie intellectuelle, Emmanuel Monneau Françoise et Lucien, 63 et 80 ans, enseignants retraités Mise en perspective. La politique est leur affaire : une sophistication politique désuète ? Portrait 3. « LR, c'est plan-plan aujourd'hui, il faut autre chose » Une avant-garde bourgeoise de gauche ?, Lorenzo Barrault-Stella Simon, 41 ans, avocat d'affaires Mise en perspective. Le poids des entourages : socialisation et sociabilités Portrait 4. « Je ne suis pas frappadingue de Marine, si elle passe c'est bien » Les ressorts d'un vote bourgeois et de droite libérale pour M. Le Pen, Guillaume Letourneur Serge, 61 ans, entrepreneur agricole Mise en perspective. Libéralisme et xénophobie : les ressorts d'un vote FN « de droite » Portrait 5. « Finalement, j'ai voté Hamon » L'identification partisane comme remède à l'incertitude d'un vote par temps de crise, Sandrine Lévêque Josette, 75 ans, enseignante retraitée Mise en perspective. L'identification partisane comme déterminant du vote Portrait 6. « Le social, ça reste mon truc » La vocation d'infirmière comme boussole politique, Philippe Aldrin Sandrine, 41 ans, infirmière Mise en perspective. Conscience civique et compétence politique Portrait 7. « C'est pas le dernier perdreau de l'année, quoi ! » Le libraire et le macronisme : un coup de foudre à la croisée des identités professionnelle et politique, Martin Baloge Christophe, 51 ans, libraire Mise en perspective. Conversations politiques et décisions électorales Portrait 8. « Et pourtant, à chaque fois, tu te laisses reprendre au jeu » Un virtuose indigné ou les variations d'un désenchantement passionné pour la politique, Anne-France Taiclet Raphaël, 36 ans, intermittent du spectacle Mise en perspective. Un électeur (forcément) rationnel ? Portrait 9. « Mais il est où le représentant du peuple ? » Des quartiers à la politique, Christelle Lagier Khalid, 35 ans, éducateur social Mise en perspective. Le sens de quartier : une assignation sociale, spatiale et raciale Portrait 10. « La force de l'ordre » Une conversion à l'extrême droite par la socialisation professionnelle, Catherine Achin Arnaud, 43 ans, brigadier-chef de la police nationale Mise en perspective. La profession dans le processus de socialisation politique Portrait 11. « De quel droit ? » Vote, résistance civique et petites luttes quotidiennes face à l'ordre raciste, Marie Vannetzel Asma, 41 ans, assistante sociale Mise en perspective. Ethnicité, genre, engagement et vote Portrait 12. « Je vote Marine Le Pen [...] c'est mon coup de gueule » Légitimisme et protestation chez un ouvrier « de droite », Emmanel Monneau Stéphane, 65 ans, chauffeur routier Mise en perspective. Des ouvriers qui votent à droite ? Portrait 13. « J'ai suivi ma ville, j'ai voté Hamon » S'accrocher aux (dernières) institutions : un vote populaire encore à gauche, Samuel Bouron Karine, 37 ans, agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (Atsem) Mise en perspective. Ancrages municipaux et encadrement partisan Portrait 14. « Marine, c'est moi ! » Aux marges du monde social et du monde politique, Sabine Rozier Florence, 47 ans, bénéficiaire d'une allocation d'adulte handicapée Mise en perspective. La politique des plus modestes Conclusion. Leçons de 2017 : ce que les portraits nous apprennent d'une élection singulière, Éric Agrikoliansky, Philippe Aldrin et Sandrine Lévêque
Voir tout
Replier