Résumé
Reprenant une pensée, vieille de trois quarts de siècle, d'Edgar Quinet à propos de l'Allemagne : "Il n'y a pas de pays sur lequel nous nous soyons aussi continuellement égarés", Jean Botrot écrit que notre opinion publique et même nos bons auteurs, à l'exception de quelques spécialistes, se sont toujours acharnés à juger les Allemands tels que nous craignons qu'ils soient ou tels que nous voudrions qu'ils fussent, jamais tels qu'ils sont dans le moment. Et c'est peut-être le souci d'asseoir son opinion qui l'a poussé vers l'Allemagne et à écrire ce livre. Ce n'est pas là, comme beaucoup d'ouvrages publiés depuis douze ans, une série de vues fragmentaires et rapides. Journaliste accompli, ayant appartenu, entre les deux guerres, à la grande équipe des reporters internationaux dont les chefs de file étaient Albert Londres, Henri Béraud, Edouard Helsey ; ayant obtenu en 1936 le prix Albert Londres, Jean Botrot a été, après la Libération, directeur des Services français d'Information à l'étranger, puis est revenu au grand reportage. A cet observateur sans œillères, de nombreux séjours outre-Rhin, avant et après la guerre (le dernier datant de janvier 1957), ont permis des confrontations ayant valeur d'enseignement. Il a connu l'Allemagne de Weymar, et l'hitlérisme, puis l'a vue écrasée par un inimaginable désastre. Il l'a vue se remettre au travail, se dégager des ruines, se reconstruire, se reprendre à vivre reprendre voix, et son rang économique et politique. Parallèlement à cette résurrection, il a observé ce qui est peut-être plus important - l'évolution et le mouvement des idées, des mentalités, de l'opinion : de celle des milieux dirigeants, du chancelier Adenauer et de son entourage, de chefs de partis et d'industries, à celles de "l'homme de la rue" et des campagnes. Et tout cela conversations, choses vues, comparaisons et documents - constitue le "portrait" impartial et vivant, d'une Allemagne toute neuve qui surprendra sans doute beaucoup d'entre nous. Ce livre n'a pas la prétention de percer l'avenir. Mais il expose clairement, lucidement, l'état présent du "voisin allemand". Cette connaissance permettra à chacun de nous de prendre position à l'égard de l'Allemagne, à l'égard des grandes questions qui nous séparent ou nous rapprochent, et de se tracer une ligne de conduite pour que l'Europe soit un peu plus qu'une expression géographique.