Un numero d'enfer

Extrait"Il prit une quille avec la main droite et la lança au-dessus de lui puis une deuxième puis la dernière. Elles tournoyèrent dans le ciel bleu limpide de cette fin d'après-midi. Il pensa furtivement aux rivages lointains de sa Colombie natale baignés par l'océan atlantique. Les quilles retombèrent une à une en un ovale presque parfait et s'élevèrent de nouveau.Une difficulté supplémentaire s'ajouta à ce fin ballet. Une quille passa derrière son dos et rejoignit les autres puis une autre - peut-être la même - passa en-dessous de sa jambe droite et l'artiste estimant que la difficulté n'était pas à son maximum décida de récupérer la quille posée au sol. Cette dernière rejoignit ses congénères dans cet incessant ballet qui virevoltait au-dessus du vacarme lui aussi incessant des clims et des moteurs qui tournaient au ralenti.Il était temps d'arrêter. Johan le savait. Il lui restait quinze secondes tout au plus pour ramasser un maigre butin qui rejoindra les quelques piécettes qui alimentaient la petite boîte de métal posée dans son sac à dos.Il prit ses quilles d'une main et de l'autre il prit son chapeau. Il jeta de brefs coups d'oeil dans les trois rangées de véhicules à la recherche de mains tendues lui faisant signe que la monnaie était prête à être soutirée. Mais il ne vit, hélas, aucune main tendue. Il voyait jusqu'à la dixième voiture. Il avança pourtant parmi une rangée. L'espoir faisait toujours vivre. Une main tapota à un carreau. Johan sursauta et tendit dans un réflexe son chapeau prêt à ramasser la monnaie. Mais ce n'était qu'un garçonnet d'une dizaine d'année qui le fixa du regard d'un air moqueur.Johan regarda une dernière fois dans le lointain des trois files puis décida, le coeur serré, de rejoindre son camp au pied du feu de circulation.Au moment où il traversait la dernière rangée proche du trottoir, un klaxon retentit. Il se figea net. Son coeur faillit faire trois tours dans sa maigre poitrine. Il se retourna. Il vit ce qu'il n'avait pas vu il y a quelques secondes. A deux mètres de lui, une main se tendait à l'extérieur d'un habitacle de... Oui, Johan aurait reconnu ce véhicule entre tous : une magnifique Ferrari de couleur bleue (peu banale) contrastait de manière frappante dans ce déluge de caisses aussi ressemblantes les unes que les autres. Sa carrosserie ne rutilait pas, elle resplendissait complétement dans les lueurs chaudes de cette fin d'après-midi..."Résumé :Johan fait des jongles à longueur de journée pour récolter quelques piécettes à un feu de circulation. Ce maigre butin permet tout juste de faire vivre sa famille... Mais un jour, la chance tourne. 50 000 euros de don ! En acceptant cette somme d'argent faramineuse pour un petit numéro de jongle, Johan signe sans vraiment le savoir une jeu dangereux avec ce mystérieux donateur...