Résumé
A 36 ans, au crépuscule de ma vie abrégée par le sida, je m'adresse à vous tous et particulièrement aux jeunes. Humainement, ma vie est brisée et gâchée par ma volonté, longtemps affirmée comme un défi à la face de Dieu et de la société, de vivre affranchi de toute contrainte morale. J'ai cherché à toujours satisfaire ma soif de jouissance, sans me préoccuper de l'offense faite à l'Amour de Jésus-Christ pour moi, ni des blessures infligées à d'autres dont j'ai pu utiliser l'amitié et la tendresse à des fins purement égoïstes. De tout cela, je suis seul responsable. Moi, sidéen, atteint par ma propre faute, je peux être tenté de me révolter comme un des larrons du calvaire, en rendant l'humanité entière responsable de mon sort. Mais, comme le bon larron, je ne veux pas gaspiller ma mort. Je puise dans la miséricorde infinie de Dieu et dans la grâce de ma conversion la force de vivre dans l'Espérance. Dieu me consolera de toutes peines dans la Béatitude céleste. Je reste pécheur, comme vous tous, de sorte qu'en me glorifiant plus volontiers de mes faiblesses, comme dit Saint Paul, la puissance du Christ habite plus facilement en moi. Pourtant je souffre de voir où sont conduits tant de mes jeunes frères. La pente naturelle de notre société nie la vraie nature de l'homme, empêchant chacun de tirer le meilleur et le plus juste profit de lui-même et des autres. J'ai mal de voir la jeunesse gavée d'illusions, flattée et trompée par des adultes égarés ou pervertis, se perdre en s'éloignant de la lumière de la vérité. Combien de jeunes seront ainsi empêchés de connaître les joies et le bonheur d'un véritable amour et risqueront une mort affreuse dans la solitude et le désespoir. Non, le préservatif ne donne aucune certitude d'échapper à cet anéantissement de l'être. Combien de jeunes, incités au vagabondage sexuel par les mensonges d'une publicité criminelle, en font l'amère expérience ! Je pense ici à celui ou celle que l'on engage à prendre un risque mortel sans l'avertir de la fiabilité relative du préservatif. Ceux-là ont le droit absolu que cette proposition leur soit présentée en parfaite honnêteté. De toutes les façons, nous ne pourrons encore faire très longtemps l'économie d'une véritable réflexion. Pour le moment, toi qui as l'avenir qui s'ouvre devant toi et qui veux bâtir sur du solide et du stable, dis oui à l'amour. Celui qui est vie et qui ne triche pas. Ne le brade pas à tout vent, en prenant un risque spirituel et médical disproportionné dont tu ne tireras qu'une jouissance fugace et stérile. Choisis plutôt de prendre l'engagement devant Dieu et les hommes de lui préparer ton coeur et de lui réserver ton corps. Dans une volonté d'abandon à son Amour et à sa Miséricorde, j'offre à Dieu toutes les difficultés, de tous ordres, que je vais encore connaître. Je Lui fais cadeau de ma vie avec joie pour que tu demeures fidèle à ta promesse. Répond Oui à l'Appel de Dieu et aie confiance. Prie pour moi. Ton frère Dominique.