Résumé
S'encombrer, pour connaître les réalités africaines, de définitions a priori et d'étiquettes, c'est se condamner à des simplifications erronées. Parler, par exemple, du « socialisme tanzanien » ou du « libéralisme ivoirien » ne rend qu'imparfaitement compte de l'évolution des jeunes États. Mieux vaut, semble-t-il, partir de l'observation des diverses expériences réalisées, et analyser leur devenir cas par cas. La collection « L'AFRIQUE EN MARCHE » se propose, loin des systèmes de pensée et des doctrines élaborés par l'Occident, de décrire les progrès réalisés depuis une quinzaine d'années par des nations qui, à coups de succès et d'échecs, trouvent leur propre voie de développement. Bien entendu, l'objectif d'une telle entreprise ne saurait s'accommoder des facilités qui sont un peu la loi de ce genre littéraire : le dénigrement systématique, qui ne témoigne souvent que d'une connaissance hâtive des hommes et des choses ; l'éloge excessif, qui dessert finalement la cause qu'il prétend défendre. Le Togo, qui était considéré durant les premières années de son indépendance comme « l'homme malade de l'Afrique » est devenu un des rares « Havre de paix » dans un continent en proie aux convulsions. Absent lors de la conférence constitutive de l'O.U.A. en 1963, ce pays voit en 1983 un de ses ressortissants achever son mandat à la tête de l'Organisation de l'Unité Africaine. Ces succès soulignent la volonté et le mérite de l'homme qui préside aux destinées du Togo depuis quinze ans : Gnassingbé Eyadéma. Tant sur le plan intérieur que sur le plan externe, sa stratégie fut identique : combattre tout ce qui peut diviser et instaurer par le dialogue et la persuasion un climat de compréhension et de paix. Deux vers du nouvel hymne national togolais illustrent avec éclat cette volonté : «... Écartons tout mauvais esprit qui gêne l'Unité Nationale... Écartons tout mauvais esprit qui gêne l'Unité Africaine... » Et I'hymne de se terminer par cette invocation : «... La Paix, la Paix, la Paix, oh ! Dieu la Paix, la Paix pour l'Afrique ». Cet attachement à la paix, marque principale de la politique togolaise, est à la base des succès diplomatiques du Général Eyadéma. En quelques années, il s'est forgé une solide réputation d'habile négociateur et a mérité sa réputation de « commis voyageur de la Paix ». Lorsqu'elle intervient, la réussite paraît toujours évidente, mais en fait elle n'est jamais facile. L'équité commande d'en explorer les arcanes et d'en démonter les mécanismes. C'est ce que fait dans ce livre, Georges Ayache pour la diplomatie togolaise avec sa double expérience d'historien et de journaliste rompu aux affaires internationales. Attentif depuis de longues années a l'évolution du monde africain, l'auteur estime que cette diplomatie mérite mieux qu'un survol superficiel ou des éloges excessifs : un bilan objectif et rigoureux.