Résumé
"Ret samadhi" est l'histoire d'Amma, mère, grand-mère et veuve de 80 ans,
qui sans un mot abandonne un beau jour la maisonnée de son fils aîné,
où elle habitait selon la tradition. Hébergée par sa fille, une écrivaine très
indépendante, elle découvre une nouvelle forme de liberté et d'amour.
Amma s'ouvre alors au monde et à elle-même, aidée dans sa métamorphose
par une curieuse aide-soignante, Rosy, une transgenre qu'elle
semble connaître depuis toujours. Lorsque cette profonde amitié est
brutalement interrompue, l'octogénaire aussi fantasque qu'attachante
part pour le Pakistan sur les traces d'un mystérieux passé, entraînant sa
fille dans cette folle aventure.
Ce roman hors du commun, qui offre un portrait foisonnant de la culture
indienne et s'inscrit dans la grande histoire de la Partition, fait vaciller
les frontières : celles entre normalité et étrangeté, rêve et réalité, passé
et présent, corps et esprit, et bien d'autres encore.
Dans l'écriture de Geetanjali Shree, monologue intérieur, dialogue et
narration polyphonique s'entremêlent sans couture apparente. Humour,
tragique et poésie se superposent, jouant sur les sonorités et les rythmes
d'une façon parfois vertigineuse, que la remarquable traduction d'Annie
Montaut a su restituer. Un très grand livre.
"Ret Samadhi" est un roman qui fait vaciller les frontières : celle du familier et de l'étrange dans une temporalité où l'instant ramasse tout le passé et la mémoire des siècles, les frontières de genre, celles de l'âge aussi, du corps et de l'esprit, de l'amour et de la haine, des modèles de famille, de la dépendance et de la liberté, des nations « ennemies », de l'humain et du non-humain. L'écriture de Geetanjali Shree traduit puissamment ce thème de la perception par un style où monologue intérieur, dialogue, bribes de conversation et narration s'entremêlent sans couture apparente, et où familiarité et poésie se superposent, jouant sur les sonorités et les rythmes d'une façon parfois vertigineuse que la remarquable traduction d'Annie Montaut a su restituer. Un très grand livre.
« Une histoire va se raconter. Ce sera une histoire en même temps complète
et incomplète, comme il en va des histoires. C'est une histoire
intéressante. Il y a une frontière, et des femmes, qui viennent, s'en vont,
traversent, tout du long. Une frontière et des femmes, et l'histoire se
fabrique toute seule. Même, il suffit de la femme. C'est une histoire. Un
déclic. Après, l'histoire s'envole au vent qui souffle. À l'herbe qui pousse,
poussant le corps à prendre le vent, et le soleil aussi quand il se couche,
il allume les myriades de bougies de l'histoire, à foison, pour les piquer
contre les nuages, et tous ils se joignent à la balade. » G.S.