Résumé
Du tournant des années 1930 à la fin de la IVe République, certains écrivains, des littérateurs se sont engagés à l'extrême droite. Leur définition : un refus violent de la démocratie. On trouve, au départ, l'Action française de Charles Maurras et ses surgeons : les rebelles (Combat, L'Insurgé), les fils ingrats et reniés (les fascistes de Je suis partout, qui se précipiteront dans la collaboration) et aussi, loin de l'Action française qui parlait de roi, d'élite, d'inégalités, le parti populaire français de Doriot : ce parti qui voulait réunir l'"émotion révolutionnaire" et des préoccupations sociales aux promesses de "grandeur", attira (aussi) des intellectuels - Drieu la Rochelle, par exemple, alla y chercher un public, une action, des émois. L'occupation et le régime de Vichy firent éclater ces courants. Après la Libération, de nouvelles configurations se sont formées, réunissant des ennemis hier irrémissibles, devenus plus sensibles à l'identité de leur haine - la démocratie - qu'à leurs affinités, en fait mal décelables. Ce parcours conduit, en particulier, à éclairer trois objets : la France des années de l'occupation, qu'il faut réévaluer ; le rôle de franges intellectuelles dans de douteux combats antidémocratiques ; enfin, la fragilité de la démocratie : faisant appel à la liberté individuelle, à la raison, elle laisse inassouvis, aux extrêmes, ceux qui attendent de la politique le bonheur (à gauche) et la "grandeur" (à l'extrême droite).
L'auteur - Jeannine Verdès-Leroux
Historienne, Jeannine Verdès-Leroux est directeur de recherche au CNRS. Elle s'intéresse en particulier à l'histoire du communisme et aux rapports des intellectuels avec la politique. Jeannine Verdès-Leroux est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment : Au service du Parti : Le parti communiste, les intellectuels et la culture, 1944-1956 (Fayard, 1983) ; édition, introduction et notes de : Boris Souvarine, Á contre-courant, 1925-1939 (Denoël, 1985) ; Le Réveil des somnanbules : Le parti communiste, les intellectuels et la culture, 1956-1970 (Fayard, 1987) ; La Lune et le caudillo : Le rêve des intellectuels et le régime cubain, 1959-1970 (Gallimard, 1989) ; Refus et violence : Politique et littérature à l'extrême droite des années trente aux retombées de la Libération (Gallimard, 1996) ; édition, avant-propos et notes de : Philippe Arriès, Le Présent quotidien, 1955-1966 (Le Seuil, 1997) ; Le Savant et la politique (Grasset, 1998) ; Les Français d'Algérie de 1830 à aujourd'hui : Une page d'histoire déchirée (Fayard, 2001) ; La Foi des vaincus : Les « révolutionnaires » de 1945 à 2005 (Fayard, 2005).
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