Résumé
Arnaud Villani part du constat que nous nous complaisons volontiers dans le malheur, et que nous vivons dans la déploration du manque, levier efficace de la société de consommation et de l'excès, qui ne cesse de manifester ses égarements. Il conviendrait donc de changer de logique ; c'est l'objet de cet ouvrage. Pour Arnaud Villani, il faut revenir sur le chemin du peu, notion qu'il développe et décline tout au long de son essai, qui ouvre des perspectives insoupçonnées et qui dévoile des enjeux fondamentaux, tant métaphysiques que politiques. Cette philosophie du peu nous conduit en effet à nous interroger sur notre relation au monde : à soi, à l'autre, aux choses - car il s'agit bien de vivre cela comme une relation, et non comme un rapport déterminé par la valeur que l'on accorde (ou pas) à l'autre et aux choses. Il s'agit en somme de revenir à une vision unifiée d'un monde unitaire, telle qu'elle était mise au jour par les présocratiques. Car Arnaud Villani fait une brillante découverte, qu'il expose dans cet essai : Platon (et tous les penseurs à sa suite dans l'histoire de la philosophie occidentale), en « installant confortablement » la dichotomie dans la raison, a introduit dans celle-ci la pensée de la guerre. Pour autant, la philosophie apparaît bien, depuis vingt-six siècles, comme cette recherche de la sagesse et de la paix. Mais force est de constater qu'elle n'y est jamais parvenue. Pourquoi ? Parce que la raison s'est fourvoyée, en voyant le monde dans un système d'oppositions permanentes ; et comment parvenir à la paix, à la sagesse, au bonheur, lorsque nous ne pensons le monde que selon des clivages, des rapports de valeur et, partant, de domination ? Dès lors, la raison n'est pas un rempart contre la guerre ; c'est elle qui fait advenir la guerre en pensant le monde de manière dichotomique. Il s'agit donc bien de penser autrement, de changer de logique, et de saisir que, non, la lumière ne s'oppose pas à l'obscurité (et la lumière serait encore moins supérieure à l'obscurité), mais qu'au contraire, lumière et obscurité ne se pensent pas, ne se vivent pas l'une sans l'autre : elles se déterminent l'une l'autre, elles ne sont que parce que l'autre est. Sentir et penser cette unité du monde, c'est revenir à une pensée modeste, celle qui est propre à une philosophie du peu. C'est à cette condition que la paix devient effectivement possible, que la politique prend son sens, que l'être se sent vivant, que nous pouvons redécouvrir le bonheur
Le courage d'être heureux, c'est celui de faire l'effort de vivre notre existence comme une renaissance perpétuelle, en rompant avec les postulats qui ont fait de notre société ce qu'elle est aujourd'hui. Cet essai est un appel à une véritable prise de conscience, à partir d'anecdotes personnelles et de morceaux de bravoure poétiques.