Résumé
Après l'ordre du livre, par Patrick BazinLe projet Google de bibliothèque universelle a été vécu par les autorités françaises comme un défi à relever. Mais ces réactions fort légitimes ne sauraient nous faire oublier que le passage de l'ordre du livre à l'ordre numérique, qui bouleverse les notions d'oeuvre, d'auteur, de lecteur et de savoir, est un changement de monde.Patrick Bazin est directeur de la Bibliothèque municipale de Lyon.Dernier livre paru: Les vingt-cinq ans de la BPI (Paris, BPI - Centre Pompidou, 2003).Profane et sacré en République, par Pierre NoraPierre Nora a bien voulu publier dans Médium l'allocution qu'il a prononcée le 14 mars 2005, sous la coupole, à l'occasion de la commémoration du centenaire de la loi de 1905, confiée aux soins de l'Académie des sciences morales et politiques.Pierre Nora, de l'Académie française, a fondé en 1980 la revue Le Débat qu'il dirige depuis. Derniers livres parus: Michelet, historien de la France (Paris, Gallimard, 1999); Discours de réception à l'Académie française et réponse de René Rémond (Paris, Gallimard, 2002); Le Débat, Mémoire et identités juives dans la France contemporaine. Les grands déterminants (Paris, n°131, sept-oct 2004).Le moi par la lettre: de Platon à Tati, par François-Bernard HuygheL'apparition du moi dans l'histoire des mentalités est classéefait culturel. Celle du transport à distance des missives,fait technique. Mais comment saluer l'émergence littéraire de l'intime sans rendre sa juste gloire au facteur?François-Bernard Huyghe enseigne à HEC et à l'École de guerre économique. Dernier livre paru avec Édith Huyghe : Les Routes du tapis (Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », 2004).Qu'est-ce qu'une épidémie?, par Jean-Paul EscandeLes phénomènes d'épidémies symboliques, les contagions mythiques, les projections incontrôlées de modèles de comportement, illustrent au premier chef la question médiologique (Comment une idée devient-elle force matérielle?). D'où l'intérêt pour nous, au-delà de ces métaphores, d'une mise au point rigoureuse sur la notion proprement médicale d'épidémie, par un homme de l'art.Jean-Paul Escande est diplômé d'immunologie à l'Institut Pasteur, ancien professeur de dermato-vénérologie à l'hôpital Cochin-Tarnier. Il a été l'élève du biologiste René Dubos et du physicien Pierre Auger. Dernier livre paru: Des cobayes, des médailles, des ministres (Paris, Max milo Editions, 2003).Du personnage comme médium, par Régis BurnetAide-mémoire, facilitateur de récit, moyen pour une idée de faire image, le personnage, qu'il soit historique ou légendaire, a une puissance de transmission incomparable. Sans Marie-Madeleine, pas de Da Vinci code. Un rappel à longue portée, déclinable sur plus d'un registre.Régis Burnet est ancien élève de l'Ecole normale supérieure et docteur en sciences religieuses. Son dernier livre: Marie-Madeleine, de la pécheresse repentie à l'épouse de Jésus (Paris, Cerf, 2004).A quoi bon connaître les religions?, par François BoespflugLa notion d'enseignement du fait religieux dans l'école laïque a été récemment entérinée par le législateur (amendement Brard).Elle suscite encore quelques réticences tant chez les rationalistesque chez les clercs. On dénonce alors un cheval de Troie, tantôt du mysticisme dans l'enceinte du savoir, tantôt du relativisme dans l'enceinte du dogme. Un professeur d'histoire des religions à l'université Marc-Bloch de Strasbourg répond à ces inquiétudes.François Bœspflug est professeur d'histoire des religions à l'université Marc-Bloch à Strasbourg. Le présent texte est la partie centrale d'une contribution à une conférence de l'université de Liège (décembre 2003) publiée par la Société belgo-luxembourgeoise d'histoire des religions (9, 2004, pp. 7-19). L'art à l'estomac, ou l'anti-Malraux, par Régis DebrayOn trouvera ici la transcription d'une intervention orale, dans le cadre d'un séminaire mensuel de médiologie. Elle enchaîne sur les réflexions déjà publiées de Michel Melot, ancien directeur de l'Inventaire de France, louant la lucidité esthétique d'André Malraux.Régis Debray est philosophe et écrivain. Son dernier livre paru : Les Communions humaines. Pour en finir avec la « religion » (Paris, Fayard, 2005).Ce que la science doit à la sorcellerie, par Bruno LavillatteL'autorité de « la magie naturelle », jusqu'à la Renaissance, reposait sur la preuve par l'ancienneté. Désenchanter le monde, c'est changer le régime d'autorité, du lu vers le vu ; et donc nier le livre comme dépôt de vérité. C'est à ce « délestage médiologique » qu'a procédé la toute nouvelle science expérimentale.Bruno Lavillatte est ancien professeur de philosophie (spécialiste de la Renaissance) et poète. Dernier livre paru : Karukéra, éditions du Cygne, préfacé par Alain Borer.Les deux mémoires de l'esclavage, par Gérard BarthélémyQue reste-t-il de l'esclavage dans la mémoire des anciens esclaves ? Et dans celle des anciens maîtres ? Les deux sortes de traces ne peuvent se rencontrer. À partir du cas haïtien, une approche anthropologique d'un douloureux divorce, aux effets toujours sensibles.Gérard Barthélemy, anthropologue et économiste, ancien attaché culturel en Amérique latine et professeur à l'université de Port-au-Prince (1988-1991), est l'auteur notamment de L'Univers rural haïtien. Le pays en dehors (Paris, L'Harmattan, 1991), et de Créoles-Bossales: Conflit en Haïti (Guadeloupe, Ibis rouge Éditions, 2000).Le magnétophone et l'nathropologue, par Jack GoodyComment se fabrique le regard ethnographique ? L'anthropologue anglais Jack Goody, auteur du célèbre « La Raison graphique »(The Domestication of Savage Mind, Paris, Minuit, 1979), prend au sérieux les outils de transcription des mythes, et leurs incidences sur la perspective structuraliste. Une approche empirique, qui tire à conséquence.Jack Goody est professeur honoraire à l'université de Cambridge. Traduction et présentation de Maxime Drouet, doctorant en sociologie (EHESS)BONJOUR L'ANCÊTREIci, contre l'amnnésie et la désinvolture, un médiologue d'aujourd'hui célèbre un maître d'hier oublié ou méconnu.L'abbé Grégoire, avec Robert DumasFils d'un tailleur, Grégoire est né dans une famille modeste le 4 décembre 1750, à Vého, un village de la province des Trois-Évêchés qui jouxte la Lorraine. Il a été élevé dans la foi catholique et a poursuivi d'excellentes études au collège des jésuites de Nancy.Après la suppression de la Compagnie par l'édit royal de 1768, il entre à la nouvelle université de Nancy, il étudie la théologie et la philosophie à Metz de 1769 à 1771 et à Pont-à-Mousson de 1771 à 1774. Enfin, sa dernière année accomplie au séminaire de Metz, il est ordonné prêtre en 1775. Vicaire à Château-Salins, puis à Marimont-la-Basse, il est nommé curé des paroisses d'Emberménil et de Vaucourt le 15 avril 1782. Esprit pieux mais libre, le jeune ecclésiastique découvre les préjugés du monde paysan. Homme des Lumières mais aussi homme de foi, il prêche l'Évangile tout en combattant l'obscurantisme qui abrutit le peuple et entrave les progrès de l'agriculture. Il participe à la rédaction des cahiers de doléances de sa paroisse d'Emberménil puisque la défense des idées politiques nouvelles n'est que l'accomplissement de sa mission religieuse.Élu à la Constituante en 1789, il prend activement part au processus révolutionnaire jusqu'à la Convention. Prêtre patriote, il perçoit dans les événements politiques le souffle de Dieu qui les inspire.Curé député, il lutte contre l'ordre inique de l'Ancien Régime et contre la monarchie qu'il déteste. D'ailleurs absent lors du vote de la mort du roi, il aura été un régicide d'intention. Évêque de Blois, il reste l'apôtre de la liberté et de l'égalité tout en devenant l'une des têtes pensantes du clergé constitutionnel. Sa vie durant, il restera fidèle à la Constitution civile du clergé. Militant et théoricien, homme d'action et de réflexion, l'abbé Grégoire offre un profil surprenant parce que paradoxal : celui d'un prêtre engagé dans la Révolution, celui d'un révolutionnaire parce que prêtre.Robert Dumas est professeur de philosophie à Annecy.SALUT L'ARTISTEIci, contre modes et paresses, un coup de projecteur éclaire un coin d'ombredans la forêt des formes actuelles.Jean Le GacPour qui y se prend, çui-là ? Un prof de dessin qui joue au démiurge canonisé ! Voyez-vous ça. On met en scène, en belle compagnie, ses Adieux à l'art aux Gobelins de Beauvais (jusqu'au 18 septembre 2005), et pour faire bonne mesure, on a déjà logé ses collections au musée Jean-Le Gac (avenue Gambetta, 75020 Paris). Et puis quoi encore ?Jean Le Gac est né le 6 mai 1936 à Alès (Gard). Il expose régulièrement en France à la galerie Daniel Templon à Paris depuis 1970, à la galerie Issert à Saint-Paul-de-Vence, de 1982 à 1994.Il est représenté en Allemagne par la galerie Brigitte March à Stuttgart.Principales expositions : 36e Biennale internationale d'art de Venise (1972); Israel Museum de Jérusalem (1974); Documenta 5 et 6 de Kassel (1972 et 1977); Centre Georges-Pompidou (1978); ARC, musée d'Art moderne de la Ville de Paris (1984) ; Museum Het Valkof de Nimègue (2002); Château de Villeneuve-de-Vence (2002-2003); et dans de nombreuse galeries à travers le monde.Monographies: Catherine Francblin, Jean Le Gac (Paris, Art Press/Flammarion, 1984); François Cheval et Ann Hindry, Jean Le Gac par Jean Le Gac (Paris, Cercle d'Art, 1992); Anne Dagbert, Jean Le Gac (Paris, Fall, 1998).UN CONCEPTUn peu de logique s'il vous plaît. Place à une notion fondamentale et fondatrice sévèrement résumée. Parce que la médiologie ne se sait pas science, elle s'exige rigueur et cohérence.MédiasphèreS'entend par ce mot la sphère de circulation des traces et des individus techniquement déterminée par les modes de transport dans l'espace et dans le temps prévalant à un moment donné de l'histoire.ACTUALITÉRégis Debray, A bout de souffle, l'Europe?L'Europe au sens fort sera dramatique ou ne sera pas. Pour l'heure, le sens faible a le dessus. Quiconque a pu réfléchir, en médiologue, au devenir-force des idées et connaît ce qu'il faut de « grand récit » pour donner corps à une personnalité collective accueillera cette évolution avec le calme des vieilles moustaches. Tenu par nos délais d'impression mais désireux d'éclairer l'équivoque, on a choisi de publier ici tel quel le texte d'une intervention faite à Berlin au début de 2001, en réponse au malaise (déjà) suscité dans l'opinion d'alors par les «maigres résultats» du traité de Nice. Elle n'engage, bien sûr, que son auteur.Le titre était : Après Nice, l'Europe à bout de souffle ? Quitte à lui substituer, quatre ans plus tard, un Après le référendum, on ne voit pas de raison aujourd'hui de redire autrement la même chose.SYMPTÔMESIci, chacun s'en donne à cœur joie et à compte propre sur tel ou tel sémaphore de l'esprit du temps. Le haut débit des télécorps, par Monique Sicard. Centre de recherche sur les arts et le langage de l'EHESS.Vidéopéra et Lemming, le lemme de Dominik Moll , par Daniel Bougnoux. Responsable de la publication des oeuvres romanesques complètes d'Aragon dans la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard).La peine et la panne, par Antoine Perraud. Producteur à France Culture et journaliste à Télérama.