Résumé
Le Coran ou la fabrication de l'incréé, par Alfred-Louis de PrémareLe Livre des musulmans se distingue de celui des juifs et des chrétiens en ce qu'il consigne la parole même de Dieu, révélée au prophète dans la « Nuit du destin » par l'entremise de l'ange Gabriel. En réalité, la « descente » du Coran, que la tradition appelle « incréé », est inséparable d'un long travail d'inscription, de sélection et de composition, où se prouve une fois de plus que transmettre et créer ne font qu'un. De quoi faire trembler, diront les timides, les colonnes de la mosquée...Alfred-Louis de Prémare est professeur émérite à l'université de Provence. Il est l'auteur de Les Fondations de l'islam. Entre écriture et histoire, Paris, Seuil, 2002, et de Aux origines du Coran, questions d'hier, approches d'aujourd'hui, Paris, Téraèdre, 2004.Plaidoyer pour un Dieu silencieux, par Albert AssarafUne analyse pragmatique de l'énoncé « Dieu a dit Z » met en évidence les désastres causés par le mot Dieu, comme l'attestent nos fondamentalismes et fanatismes. Admettons la voix, mais gardons-nous de ventriloquer « Dieu ».Albert Assaraf, est historien des religions et informaticien.La B.D., nouveau fléau monothéiste ?, par René NouailhatIl y a ceux qui vivent selon la parole de Dieu, et qui étouffent. Il y a ceux qui vivent sans Dieu, et qui ressentent parfois un certain vide. Un médiologue propose une troisième voie : que le Très-Haut nous aide, mais en silenceÀ propos d'un héritage « structuralo-marxiste », par François Maspero (décembre 2004)Les maisons d'édition sont des filières de transmission. Notre génération politique, littéraire et théorique, ses espérances, ses découvertes, ont une dette envers François Maspero. Fondateur, en 1959, des éditions du même nom, il en est parti sans indemnités, et en faisant don de ses parts, en 1982. Les Éditions La Découverte lui ont alors succédé. Un bref rappel généalogique, pour combler d'éventuels trous de mémoire... (R.D.)François Maspero est écrivain (derniers livres : Balkans-Transit et Les Abeilles et la Guêpe, Seuil, 1997 et 2002) et traducteur.Sur l'affaire du Temple solaire, par Régis DebrayQuels rapports y a-t-il entre des écrits ésotériques et des actes de sang, en l'occurrence des suicides collectifs ? Quels effets concrets, les idées abstraites ? Question morale (celle de « la responsabilité de l'écrivain »), mais aussi typiquement médiologique « l'efficacité symbolique ». C'est pourquoi il a paru opportun de publier la réponse à la demande de maître Szpiner, dans l'affaire, jugée en appel, du Temple solaire (Grenoble, juin 2005).Régis Debray est philosophe, écrivain. Son dernier livre paru est Les Communions humaines, Pour en finir avec la religion (Paris, Fayard, 2005).Einstein : célèbre par malentendu, par François de ClosetsLes quiproquos, moteurs de transmission... La gloire est une célébrité involontaire, et qui résiste. Le cas Einstein en témoigne : les gloires les plus durables ne se fabriquent pas médiatiquement. Elles se tissent méthodologiquement dans le dos des glorifiés.François de Closets est journaliste scientifique et écrivain. Cette réflexion fait suite à la rédaction d'une biographie d'Albert Einstein, Ne dites pas à Dieu ce qu'il doit faire, Seuil, 2004.Heurs et malheurs de l'écrivain haïtien, par Léon-François HoffmannTransmettre, c'est aussi écrire et lire - ce qui ne va pas de soi partout. Dans quelle langue ? Au bénéfice de quelles classes ? Avec quelles stratégies et pour quel public ? Le cas d'Haïti, nation paradoxalement littéraire - qui marie illettrisme et sophistication -, nous rappelle les difficultés de l'exercice en société orale et créolophone.Léon-François Hoffmann est professeur émérite au département des littératures française et italienne de l'université de Princeton. Auteur de plusieurs livres sur le romantisme et sur la littérature et la culture haïtiennes, il a coordonné récemment l'édition critique des œuvres complètes de Jacques Roumain aux Éditions Archivos.Le premier geste, par Dominique NaertComment se transmet une compétence manuelle ? Par une initiation, qui a sa clé dans « le premier geste », propre à chaque métier, où la transformation du matériau ne fera qu'un avec celle du jeune apprenti.Un maître maçon, Dominique Naert, compagnon du Devoir, s'en explique ici. C'est un disciple de Paul Feller, père jésuite fondateur de la Maison de l'outil et de la pensée ouvrière (à Troyes), qui apprit le métier de forgeron à l'âge de quarante-deux ans.Dominique Naert est président de l'Association des amis de Paul Feller.Quels arts de masse ?, par Louise MerzeauLa production des œuvres a toujours été dépendante de ses moyens techniques, et la notion d'art de masse ne doit pas nous cacher la différenciation des publics et les détournements culturels auxquels elle donne lieu. Voici donc la réponse d'une médiologue à Roger Pouivet (« Sur l'art de masse »).Louise Merzeau est maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à Paris X et photographe. Elle vient de publier Au jour le jour, un album de photographies précédé d'un entretien avec Jean Baudrillard (Descartes & Cie, 2004).BONJOUR L'ANCÊTREIci, contre l'amnnésie et la désinvolture, un médiologue d'aujourd'hui célèbre un maître d'hier oublié ou méconnu.Michel de Certeau, par Marc GuillaumeMarc Guillaume est professeur à l'université Paris-Dauphine, membre du Cercle des économistes. Ces travaux de recherche concernent l'économie des réseaux et de la santéSALUT L'ARTISTEIci, contre modes et paresses, un coup de projecteur éclaire un coin d'ombredans la forêt des formes actuelles.Pierre-Marc de BiasiPierre-Marc de Biasi est artiste plasticien et chercheur au CNRS. Ancien élève de l'ENS, agrégé des lettres (1976), il est directeur de recherche à l'Institut des textes et manuscrits modernes. Parallèlement à son cursus littéraire, Pierre-Marc de Biasi a suivi une formation en sculpture et architecture (ENSBA, Paris, 1973-1976) et en histoire de l'art (agrégation des arts plastiques, Saint-Charles, Paris, 1977). Depuis 1977, ses travaux ont été présentés, en musée et en galerie, dans une cinquantaine d'expositions personnelles ou collectives en France et à l'étranger.UN CONCEPTUn peu de logique s'il vous plaît. Place à une notion fondamentale et fondatrice sévèrement résumée. Parce que la médiologie ne se sait pas science, elle s'exige rigueur et cohérence.TechniqueTechnique n'est pas à confondre avec mécanique ni même avec matériel (à côté des « techniques du corps », voir Marcel Mauss, il y a les « technologies intellectuelles », voir Pierre Lévy). Peut être qualifiée de technique, en général, toute compétence, performance ou invention qui n'est pas inscrit dans le programme génétique de l'espèce.SYMPTÔMESIci, chacun s'en donne à cœur joie et à compte propre sur tel ou tel sémaphore de l'esprit du temps. Flash Mobs, par Éliane BurnetDirectrice de philosophie de l'université de Savoie.Extérieur nuit, par Catherine Bertho-LavenirProfesseur d'histoire contemporaine à l'université Paris III-Sorbonne nouvelle.Centenaires par Antoine PerraudProducteur à France Culture et journaliste à TéléramaLe médiateur et le médiologue, par Arnaud GuigueAgrégé de philosophie, enseigne l'esthétique à l'université Paris 3