Résumé
TOME 2 DE LA THESE DE DOCTORAT :
La pensée de Maurice Zundel est une pensée en un temps de crise et pour un temps de crise ; ce temps est aussi le nôtre. Compte tenu du rayonnement de sa pensée sur nos contemporains, on peut légitimement se demander si cet auteur peut encore aider à réfléchir à la situation actuelle, celle d'un monde où l'homme est mis au cœur de toutes les préoccupations.
En effet, sa pensée est profondément existentielle ; elle est ouverte sur le mystère de la vie dans tous ses aspects : les thèmes de la liberté, de la finitude humaine, de sa grandeur et de sa beauté sont abondamment traités. Son approche ouvre à une anthropologie spirituelle dans laquelle se conjuguent harmonieusement philosophie de la personne et mystique trinitaire. L'ontologie classique est absente : il lui est préféré une ontologie du désir et de l'action fondés sur la relation et sur la gratuité, et par excellence sur l'amour.
Chez Zundel, il n'y a jamais d'exposé systématique. Avec ses fulgurations et ses intuitions, il indique des pistes de recherche, il ouvre des voies : il désigne un chemin, il ne démontre pas. Au centre de sa pensée, il y a la Trinité : elle est le socle de sa théologie, le centre du dogme chrétien auquel se rapportent tous les autres dogmes ; elle est la révélation de la pauvreté qui est, pour lui, la clé du mystère chrétien. L'originalité de sa réflexion est qu'elle a le poids existentiel d'une expérience de vie ; sa fragilité est qu'elle n'a pas la solidité du discours rationnel. Mais on peut se demander ce qui a le plus de force ou ce qui sera, pour un temps donné de l'histoire, une aide pour l'homme : l'authenticité d'un vécu ou la forme conceptuelle qu'on lui donne ? L'un, bien évidemment, ne va pas sans l'autre, mais il y a des chemins qui peuvent être plus propices que d'autres pour un temps donné. Lorsque la raison perd de son crédit, le témoignage peut être la forme adaptée pour transmettre le message.
Dans ce cas, le retour à la spiritualité ou à la mystique telle que le prône Zundel, peut être une manière adéquate d'évangéliser. Mais tout choix, toute option, demande discernement et sagesse. En tout état de cause, il faudra se garder de tomber dans des postures extrêmes : la réponse au rationalisme ne doit pas être une hypertrophie du spirituel au détriment de l'intellectuel ; de même, un renvoi massif à l'expérience et une absence de réflexion philosophique ou théologique n'aura pas de sens. Un renouveau du spirituel n'ira pas sans une confiance retrouvée dans la raison : ce qui importe, c'est de retrouver le sens profond de la foi et pour cela, il est nécessaire de s'en référer autant à l'expérience qu'à la raison.