Marées amères

Une chanson d'amour au fatal et mystérieux pouvoir revient comme un refrain. Obsédante, elle raconte la dérive, les couples qui se font et se défont, s'éloignent, emportés par des courants contraires, elle révèle l'insaisissable d'une rencontre où l'autre n'en finit pas de s'absenter.Ce chant évoque celui de la mer, changeante, agitée de vents et de remous invisibles, âme et matière de plusieurs de ces dix-sept récits qui nous entraînent au large, nous ramènent vers le rivage. Flux et reflux, l'onde tressaille, se fige, immobile à la crête d'une vague ou dans l'écume qui lèche le sable, avant de repartir, de revenir. Ces temps morts où pulse l'existence, condensés d'éternité, bulles près d'éclater suspendues dans le vide, lieux secrets et inaccessibles à qui est pris de vertige... ces textes les sondent et tentent de les dire, de mirage en naufrage, avec des rires, avec des larmes, puisant dans la merveille, le comique ou la gravité. On referme ces pages, il nous reste un goût de sel au coin des lèvres, un grain de sable entre les dents, le ressac qui étourdit encore et l'éblouissement de la rétine qui fait vibrer l'air tandis que s'efface déjà le relief mouvant de la plage quand la mer s'est retirée...