Résumé
Grâce à l'Histoire, on se souvient qu'il fut bien difficile, pour les écrivains ayant connu la guerre, de reprendre l'écriture. Le mot ne semblait plus indispensable ; la beauté était trop lointaine. Lorsque la vie se fragilise et s'épuise avec l'âge, lorsque l'écart social se creuse et le corps s'alourdit, l'écriture rencontre une incertitude presque semblable, elle change en tout cas de nature.Chinant des mots qui traînent encore dans la rue et sur les pavés de sa mémoire, Jean-Michel Labadie en accepte l'aventure. Lorsque l'espace se réduit et le corps ralentit, il découvre que l'imagination, elle, peut alors se précipiter et s'affoler, que les sentiments pris de court échappent à toute mesure, au risque de la confusion. Surgissent alors des tableaux, des récits brefs, éclatés ; les rares personnages y sont anonymes, l'intrigue s'enfuit souvent, pendant que la fiction se faufile entre ambivalences, emmêlements et retournements. L'écriture d'un certain âge n'apprend ni ne se vend, elle éclabousse plutôt notre apparente lucidité d'une absence qui ne cesse d'approcher.Né en 1939, Jean-Michel Labadie a effectué avec sa génération une longue traversée de curiosité et d'inquiétude dans le contexte des Trente Glorieuses. À l'âge de trente ans, il passe l'examen spécial d'entrée à l'université et entreprend des études en psychologie, tout en exerçant le métier d'éducateur à la justice des mineurs. Il soutient ensuite sa thèse sur l'anthropologie criminelle, avant d'exercer comme professeur des universités en psychopathologie clinique et sociale. Il y a trois ans, il se retire dans le Périgord puis à Mont-de-Marsan, s'autorisant des « mots à lui » et prenant plaisir à écrire tableaux et scènes concernant l'absence et l'ambivalence.Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Les mots du crime (De Boeck, 1995), Psychologie du criminel (L'Archipel, 2004) et Les mots qui s'en vont... - Tomes 1 & 2 (Éditions Baudelaire, 2020 et 2021).