Résumé
Claude-Marcel Hytte mériterait, en URSS, le titre envié (parce que de plus en plus rare) de « prolétaire héréditaire ». Tout le monde est travailleur manuel dans la famille d'où il est issu : maréchal-ferrant, ébéniste, boulanger, ouvrier tourneur, etc. Lui-même a dû à l'âge de 12 ans, commencer à gagner sa vie comme berger, puis valet de ferme, avant d'entreprendre son apprentissage d'ouvrier boulanger. Exerçant ce métier la nuit, il étudie le jour pour compléter le faible bagage qu'il devait à « la laïque ». Très jeune, il donne son adhésion au socialisme puis au communisme, et crée un groupe de « jeunesses ». Il est secrétaire adjoint de son syndicat alors qu'il a à peine 18 ans. Pour avoir organisé une réunion publique il est renvoyé, pour la première fois, de son entreprise. Communiste actif, il connaît à partir de ce moment la rude existence du militant vite repéré et chassé des entreprises qui l'ont engagé. Il passe ainsi d'une industrie à une autre, et successivement il est métallurgiste, biscuitier, livreur au Planteur de Caïfa, débardeur sur les quais de la gare de Lyon-Vaise, etc., etc. Devenu membre de l'appareil permanent communiste, « apparatchik » à l'échelon régional puis national, il est chargé de diverses missions qui lui font connaître la prison dans quelques pays, en même temps qu'il est poursuivi et condamné, en France, pour ses écrits ou ses conférences. Il a fait ses premières armes comme journaliste à l'Humanité du Midi et comme responsable de l'hebdomadaire communiste « Travail ». En désaccord avec les « lignes » successives du P.C., il s'en sépare très jeune encore, comme beaucoup d'autres qui ont cessé de croire « aux lendemains qui chantent ». Sous l'effet de la réflexion et de son expérience personnelle, il a répudié la conception de la dictature du prolétariat et de « l'État-ouvrier » et, d'une manière plus générale, la croyance que le socialisme peut se réaliser par le moyen de la conquête de l'État. Revenu depuis longtemps aux origines du socialisme français et plus particulièrement aux thèses de Proudhon, il a exercé de nombreuses responsabilités depuis la Libération, dans les mouvements fédéralistes et européens, notamment comme Directeur ou Rédacteur en chef de « La République Moderne », « La République fédérale », « L'Ouvrier libre », « France-Europe ». Il est actuellement un des secrétaires nationaux de la Fédération des Socialistes démocrates (F.S.D.) et rédacteur en chef de son organe « Socialisme et liberté ».