Résumé
Le Métropolite André Szeptyckyj (1865-1944) n'est pas seulement un saint dont l'icône, sur les murs de la basilique Sophia des Ukrainiens de Rome, attend son auréole, c'est aussi un fondateur, disons un restaurateur d'Eglise, et un prophète. Sa grande idée était l'unité des orthodoxes russes et des catholiques de rite byzantin, concrétisée par l'érection d'un patriarcat à Kiev, la mère des villes russes. Il avait rencontré à 22 ans, en 1887, à Moscou, Vladimir Soloviev qui écrivait alors son grand livre : La Russie et l'Eglise universelle, publié à Paris en 1889 pour éviter la censure tsariste. Les deux hommes, qui avaient d'ailleurs des origines ukrainiennes, étaient faits pour s'entendre. Nommé malgré lui, sur l'ordre formel de Léon XIII, Métropolite de l'éparchie de Léopol (Lviv), le 30 octobre 1900, trois mois avant la mort de V Soloviev, André Szeptyckyj connut en 44 ans les bouleversements provoqués par deux guerres mondiales, la révolution russe et l'invasion nazie, suivie de l'occupation soviétique. Géant de 2 mètres 10, parlant une dizaine de langues, son activité prodigieuse en Europe et ses voyages dans le Nouveau monde donnent à ce moine basilien d'origine ruthène, d'éducation polonaise mais épris de la Russie orthodoxe, un visage légendaire. La situation politique de l'Ukraine vient de connaître une véritable mutation à la suite d'une révolution pacifique qui aurait pu tourner à la catastrophe. Comme en Géorgie un an plus tôt, l'Ukraine a pris une distance vis-à-vis de la Russie dont les conséquences sur le plan religieux sont considérables. Dans cette perspective, la personne et les intuitions prophétiques du Métropolite André prennent une dimension toute particulière. On trouvera ici la biographie écrite par un de ses amis qui était aussi un savant, et préfacée par le cardinal Tisserant en personne. Elle offre une information de première main provenant parfois du Métropolite lui-même, que l'auteur obtint au cours de longues conversations qu'il notait soigneusement. Ce qu'on peut savoir du célèbre Métropolite est complété depuis 1956 par d'autres sources, mais le temps n'a pas de prise sur le portrait que Cyrill Korolevskij a fait de son ami.