Résumé
Deux hommes - et seulement deux - vont assumer le destin de la Kriegsmarine tout au long de la Seconde Guerre mondiale : Erich Raeder, qui croit aux cuirassés, et Karl Dönitz, qui croit aux sous-marins. Deux hommes qui ont cependant la même attitude, face à Hitler, en cette fin d'été 1939 : « Si nous entrions en guerre avec la Grande-Bretagne, nous ne pourrions que nous battre avec honneur et mourir. » Le rapport des forces préparé par le Haut État-Major est significatif : aux 22 grands navires de combat anglais et français, la Kriegsmarine ne peut opposer que deux cuirassés récents et trois de 10 000 tonnes (la construction des deux géants Bismarck et Tirpitz n'est pas achevée) ; aux 22 croiseurs lourds 2. La disproportion est encore plus flagrante pour les croiseurs légers : 61 contre 6 ; les destroyers ou torpilleurs, 255 contre 34 ; les porte-avions, 7 contre 1 en chantier, le Graf Zepelin, qui sera très rapidement désarmé, car la Luftwaffe de Gœring n'a pas jugé utile de mettre au point un appareil embarqué. Quant aux sous-marins, Dönitz n'en possède que 23, sur les 57 de sa flotte, capables d'opérer dans l'Atlantique. Et cependant, avec cette Marine de poche, l'Allemagne va, non seulement tenir en échec la Royal Navy jusqu'à la fin de 1942, mais couper ses routes d'approvisionnement et réaliser le rêve impossible : isoler l'île. Lorsqu'en janvier 1943 Hitler choisit Dönitz pour remplacer Raeder et ordonne la mise en non-activité des grands bâtiments de surface, il est trop tard pour que les sous-marins puissent jouer un rôle décisif. Avec le développement des moyens de détection électroniques et la supériorité de l'aviation alliée, les « meutes » de U. Boot remportent six fois moins de succès que dans les deux premières années de guerre. Raeder et Dönitz furent jugés à Nuremberg. Raeder, condamné à la détention perpétuelle, devait être libéré pour raison de santé en 1955 ; quant à Dönitz, condamné à dix ans d'internement, il accomplit son temps. Tous deux ont publié leurs Mémoires. Récits « Pour l'Histoire », qui se veulent précis et sans passion ; techniciens d'une guerre technique, ne portant aucune responsabilité dans le national-socialisme et ses crimes. « Pour l'Histoire », ces « Vies » de Raeder et Dönitz doivent être complétées par la lecture des débats de Nuremberg, négligés par la plupart, sinon la totalité des spécialistes qui ont eu à traiter de la Kriegsmarine et de ses missions. Il est vrai que les interrogatoires, déclarations ou témoignages des commandants en chef et de leurs adjoints sont répartis dans plus de quarante volumes de comptes rendus et documents.