Résumé
La Révolution, en supprimant les couvents et les abbayes, a paradoxalement oeuvré pour les congrégations actives, moins touchées, vite reconstituées et grossies de fondations nouvelles. Par une « révolution silencieuse », pour un siècle et demi, l'avenir est aux « bonnes soeurs », enseignantes et hospitalières. La France inaugura cette ère nouvelle : le XIXe siècle y est l'âge d'or des congrégations. De 1800 à 1880, 400 congrégations sont créées 200 000 femmes entrent au noviciat. En 1880, les congrégations sont à leur apogée et rayonnent à travers le monde. Claude Langlois prend la mesure de ce phénomène considérable. Il le décrit, l'analyse et l'explique : l'aspect des congrégations (type de fondatrices, organisation, scissions et regroupements, rapport aux évêques, choix du nom, ressources, activités), le rythme précis de la croissance des fondations et des effectifs, la part prise par les campagnes et les villes, le rôle des classes sociales dans le recrutement, l'importance des régions et l'internationalisation. Il en apprécie les effets sur le catholicisme et la société. La vitalité du catholicisme en sort réévaluée, mais son visage est profondément modifié : de plus en plus, le catholicisme s'écrit au féminin. La société, après avoir encouragé ce mouvement, tenta par tous les moyens d'en limiter les conséquences. L'histoire des congrégations, ce monde à part, est au carrefour des histoires qui s'écrivent aujourd'hui : histoire du corps, de la maladie et de l'assistance sociale histoire de l'alphabétisation et de l'enseignement histoire des femmes. Il n'est plus possible d'ignorer ces femmes capables de tant d'initiatives et qui ont expérimenté tant de métiers féminins, ces femmes qui ont osé.