Résumé
Qui n'a pas vu le défilé de la Victoire sur les Champs-Elysées le 14 juillet 1919 n'a rien vu. Il restera dans toutes les têtes pendant au moins un demi-siècle, à peine entamé par « l'étrange défaite » (Marc Bloch) de 1940. Sa mémoire s'était transmise de père en fils et petit-fils. Après les commémorations de 1914, le centenaire de la Victoire du 11 novembre 1918 ne doit pas laisser indifférent. L'armistice dans son libellé même ferait oublier que la France a été victorieuse. Elle a gagné la guerre ! Cela ne peut lui être enlevé, ni par la faillite de l'entre-deux-guerres, ni par Vichy, ni par le déclinisme des dernières années. Or, dans le monde d'aujourd'hui, retrouver un esprit de vainqueur n'est pas chose évidente. Placé à un poste privilégié, chargé, au plus près du front, de l'histoire de la guerre au jour le jour, le romancier à succès qu'était déjà Henry Bordeaux a connu la Victoire, ses enchantements et ses déceptions. Les textes extraits de ses mémoires, entre 1914 et 1940, choisis et commentés par Dominique Decherf, nous permettent avec le recul nécessaire de rentrer dans la mentalité des vainqueurs de 1918. La Victoire, sous la plume de cet écrivain des petits faits de la vie, homme de foi, catholique impénitent, amoureux de ses créatures, optimiste par nature, souvent humoriste, fut belle et longtemps magnifique. Tout cela n'aurait jamais dû mal se terminer. Dominique Decherf, ancien ambassadeur de France, chroniqueur de France Catholique, achève ici une trilogie consacrée à l'entre-deux-guerres, illustrée par ses biographies de Jacques Bainville, l'Intelligence de l'Histoire (Bartillat, 2000) et de Jean Le Cour Grandmaison, Catholique avant tout (France-Empire, 2018).