Résumé
Colloque organisé à l'Institut National de Jeunes Sourds de Paris, le 12 Juin 2010. Qu'est-ce que je partage avec l'autre ? La question, ordinairement refoulée, ressurgit - chacun peut en faire l'expérience dans la vie quotidienne - quand survient un « problème de communication ». Et parfois, cette question insiste au point de devenir une interrogation sur la « nature » de la langue, voire sur ce qui fait langue pour un « parlêtre » (Jacques Lacan). La surdité pose cette question à ciel ouvert. La langue des signes, ou plus généralement le débat autour du « choix de la langue », peut bien tenter d'y faire écran, elle ne manque pas de faire retour, en particulier dans les situations critiques de maladie physique ou de souffrance psychique. Les questions que pose l'enchevêtrement des langues du soin dans les situations de surdité ne se résolvent pas par la seule traduction. Leur enjeu, comme le souligne Danièle Brun, est peut-être tout simplement la pensée, c'est-à-dire la capacité à « suspendre », le temps de traduire, de temps de comprendre, ou encore le temps de dire Autre chose. Cet ouvrage rassemble les contributions d'intervenants de champs professionnels volontairement bien différents qui confèrent à ce suspens plusieurs visages : celui de la traduction, celui de l'explication, celui de l'interprétation. Tous convergent vers ce que l'on peut appeler représentation : qu'est-ce qui, pour un sujet, sera assumé comme sens, prendra corps de signification ? Au sommaire, des interventions de Frédéric Pellion, Charles Gardou, Nicole Farges, Carole Gutman, Jana Lawriw, Alexa Labbé, Sophie Serreau, Mamoudou Harouna, Jacques Laborit, Olivier Douville, Dominique Seban-Lefebvre, Danièle Brun. Ce sont aussi bien des anthropologues, des enseignants, une interprète en langue des signes, ou une assistante de consultation, une sage femme, une animatrice, que des psychiatres, des psychanalystes ou des psychologues.