Résumé
Lhumilité est tendance. La voici devenue élément de langagedautres, tels quils sont choisis, codifiés, recommandés par des communicateurs avertis. Dhumilité, vous entendez parler tous les joursles puissants sen délectent, elle est une autorisation de visibilité, un droit de parole, ladoucissant de la notoriété et un gage de confiance mutuelle. Comme si elle était de nature à «passer la pilule». Elle sert dans les négociations difficiles, utile aux directions qui se heurtent aux oppositions syndicales, elle précède les concertations socialeselle accompagne les luttes politique et les campagnes électorales, brandies par les plus fanfarons et les plus fiers candidats, décidés à tout pour être élus. Qui se hausse pour que sa tête dépasse ne manquera pas le marchepied de lhumilité. On pourrait multiplier les exemples. Mais personne nest dupe, et lon est accablé de voir la diaphane humilité enrôlée au service des cyniquesle rire qui accueille ces propos est désabusé. Cest le rire triste de la désillusion. Ce peut devenir et cela devient, de fait, une colère juste. Le mot dhumilité est usé et trompeur. Dévalorisé, annexé par la langue de bois. Il est vrai que la langue de bois est comme une deuxième nature pour ceux qui, à tout bout de champ, hissent comme une bannière la pudique et discrète humilité. Mais alors, comment la trouver sans laide des mots, sans lappui des imagesQue chacun essaie de tendre loreillesous les rumeurs de sa vie, pleine peut-être, trop pleine souvent, quil retrouve le murmure de sa mémoire. Quà la source de son expérience personnelle, il écoute encore... Peut-être (sans doutedans le bruissement des souvenirs, dans la dureté du présent, en entendra-t-il quelque écho. Mais alors, comment la trouver sans laide des mots, sans lappui des imagesQue chacun essaie de tendre loreillesous les rumeurs de sa vie, pleine peut-être, trop pleine souvent, quil retrouve le murmure de sa mémoire. Quà la source de son expérience personnelle, il écoute encore... Peut-être (sans doutedans le bruissement des souvenirs, dans la dureté du présent, en entendra-t-il quelque écho.