Comment une simple plaisanterie à l'encontre d'un élève musulman, qu'il invitait sur le ton de la blague à devenir chrétien, a-t-elle pu conduire un enseignant devant les tribunaux ? Comment, dans le pays des Droits de l'Homme, de Rabelais, de Daumier, du Canard enchaîné, en sommes-nous arrivés là ? Est-ce la caricature d'une société qui ne vit plus les relations humaines qu'à travers le prisme du rapport de force juridique, médiatique et communautariste ?
Dans cet ouvrage poignant, Frédéric Mortier nous raconte l'incroyable descente aux enfers dont il a été victime depuis cette altercation en décembre 2021. Silence de la direction catholique de l'établissement, silence de la direction diocésaine, mécanique froide et incompréhensible de la police, comme de la justice. À aucun moment, il n'a eu le sentiment de pouvoir s'expliquer posément et que raison soit gardée dans cette altercation, qui aurait dû être réglée en amont par la voie du dialogue.
À l'heure du procès de l'enseignant, privé de revenu et de son poste, condamné au tribunal médiatique, l'homme, à l'article de la mort sociale, voit sa vie défiler comme dans un cauchemar, tel le héros de Kundera, Ludvik Jahn, dans La Plaisanterie. Car son parcours révèle un homme simple, direct, passionné d'enseignement, épris d'échanges, investi dans la vie publique, aux antipodes du portrait caricatural que l'on a dressé de lui.
Un livre qui, après l'assassinat de Samuel Paty, témoigne de l'urgence de la question de la liberté de l'enseignement aujourd'hui en France.
Frédéric Mortier est professeur d'économie depuis 27 ans dans un lycée privé catholique d'Angers. Pendant deux ans, il a également oeuvré en tant que directeur d'un établissement à caractère social de la Fondation d'Auteuil auprès d'enfants en difficulté.
Père de famille, il est maire d'une commune rurale de 7 000 habitants depuis 2008.