Résumé
Difficile à imaginer, en 1825, le continent Nord-américain réunissait avec peine
vingt-millions d'humains. A présent, les USA abritent 326 millions d'habitants, le
Canada 36 millions et le Mexique 126 millions. Dans le même temps, l'Amérique
du Sud a connu un accroissement similaire de sa population : quelque 375 millions
de personnes aujourd'hui.
Cette envolée, dûe en grande partie aux progrès de l'humanité doit également
beaucoup à l'émigration. Un apport, venu en majorité de l'Europe, considéré
comme un bienfait, car les arrivants étaient aptes à travailler dès leur débarquement.
Expérimentés, ils pouvaient embrasser sur l'heure cent professions. Les Etats
accueillants ont tous favorisé ce processus, le considérant maintes fois comme
salutaire pour leur expansion. Six nations européennes ont fourni les forts
contingents de cette émigration. Les Français ont longtemps peu participé à cet
élan, à l'exception notable de l'Aquitaine, plus précisément sa zone frontalière
au Sud-Ouest : Les Basses-Pyrénées et les Hautes-Pyrénées, Basques, Béarnais et
Bigourdans se sont amplement impliqués dans la partance Transatlantique, optant
en majorité pour l'Uruguay puis l'Argentine. D'autres, plus tardivement pour le
Mexique et les Etats-Unis.
L'initiative de ce recrutement revient à l'Uruguay. Son président, José de Urquiza,
confia le soin de l'organiser à Samuel Fisher Lafone, un négociant britannique
installé depuis peu à Montevideo dont les ancêtres, des protestants natifs du
Béarn, avaient jeté l'ancre à Liverpool à la suite de la révocation de l'édit de Nantes.
Il mobilisa au Béarn, en Bigorre, au Pays Basque, en Espagne. Y suscitant un élan
irrépressible d'êtres sans terre vers une terre sans hommes. Entrés dans l'histoire
ils furent surnommés Les Grands Bérets. Cet ouvrage atteste aussi que leur ruée
a enrichi l'Uruguay, l'Argentine et le Chili, qu'elle a profité à Bayonne, à Bordeaux,
à San Sebastian. Les aventures vécues par les agents recruteurs de Lafone, les
exploits de leurs armements maritimes, les réactions des gouvernements français
et ibériques en ce temps, illustrent également cette enquête. En clair : une saga.