Résumé
Le colloque « L'administration en tension : les relations entre Turin et les périphéries dans les États de Savoie -XVIIIe-XIXe siècles », prévu à Chambéry en 2020, devait être la quatorzième rencontre organisée dans le cadre du P.R.I.D.A.E.S. (Programme de Recherche sur les Institutions et le Droit des Anciens États de Savoie) en collaboration avec les Unités de Recherche de l'Université Savoie Mont Blanc (LLSETI et Centre Antoine Favre) l'Université de Genève, l'ERMES (Université Côte d'Azur) et le Dipartimento di giurisprudenza de l'Université de Turin. Ce colloque n'ayant pu avoir lieu en raison de la crise sanitaire, les contributions des communicants ont néanmoins été réunies pour donner naissance à cet ouvrage. Composé de dix-huit textes, précédés d'un avant-propos de Françoise Briegel et Sylvain Milbach, ce volume s'attache à monter comment, dans le royaume de Sardaigne (titre officiel des États de la Maison de Savoie à partir de 1720), composé de principautés aux histoires distinctes, le pouvoir turinois parvient à gérer les spécificités, qu'elles soient liées aux traditions propres à ces territoires ou à des formes d'intégration administrative différenciées. Il en résulte de multiples contraintes pour le pouvoir central mais également des originalités dans l'administration : en effet, la gestion des périphéries à l'histoire singulière et à l'organisation administrative variée met en oeuvre une dialectique qui, pour maintenir l'intégrité du royaume, impose une tension mesurée et un politique d'équilibre entre centralisation et décentralisation (concernant l'administration territoriale, l'armée, la justice, la fiscalité, les ponts et chaussées...). Pour illustrer ces relations complexes entre la capitale et les provinces, ce volume s'articule en deux parties. La première vise justement à préciser le rapport entre Turin et les périphéries, pour apprécier le poids des institutions centrales et déconcentrées, mais également la situation des administrations locales qui s'efforcent de trouver le juste positionnement, entre résistance, tension et équilibre. Après cette approche « par le haut », celles des institutions, des hommes et des moyens qu'elles sont capables de mobiliser, c'est une vision « par le bas » que propose la deuxième partie, s'intéressant davantage à la situation des périphéries à la recherche d'une autonomie souvent relative, imposant des ajustements mais trahissant également des tensions qui dépassent parfois la simple administration. Ces regards croisés, provenant de chercheurs eux-mêmes issus de pays et d'horizons scientifiques différents, illustrent toute la richesse d'une thématique aux facettes multiples que continue à explorer le P.R.I.D.A.E.S.