Jean de salisbury et la renaissance médiévale du scepticisme
Christophe Grellard - Collection Histoire
Résumé
Le Moyen Âge est souvent perçu comme une époque dogmatique, soumise à l'autorité, étranger par nature à toute forme de doute, et par là de scepticisme. Le présent ouvrage cherche à repenser la question de la tradition sceptique, bien documentée à la fois pour l'antiquité et l'âge classique, mais beaucoup moins pour le Moyen Âge. Il y a eu, pourtant, tout au long du Moyen Âge une réflexion sur le problème sceptique entendu comme défi lancé à la capacité qu'a l'homme de connaître avec certitude la réalité. En s'attachant plus spécifiquement à la figure de Jean de Salisbury(1120-1180) acteur important de ce qui fut parfois qualifié de Renaissance du XIIe siècle, et qui s'est explicitement présenté comme un partisan des Académiciens, le présent ouvrage, à travers une étude de cas, cherche à comprendre ce que signifie être sceptique au Moyen Âge. Il s'agit de faire ressortir comment l'héritage patristique (Lactance, S. Augustin) couplé à un ensemble de traditions philosophiques antiques permet de mettre en place une philosophie originale, fondée sur la nécessaire modestie de toute démarche scientifique. Cette démarche cherche à identifier précisément la place qui revient à la foi et à la raison dans la recherche de la vérité, et s'accompagne d'une certaine pratique stylistique qui met le lecteur en position de chercher par lui-même, sans a priori théorique. Enfin, elle est solidaire d'une éthique non normative et fondée sur la multiplication des points de vue. Jean de Salisbury apparaît ainsi comme le chaînon manquant qui permet de mieux appréhender une tradition humaniste et sceptique qui va de Cicéron à Pétrarque et Montaigne.
Jean de Salisbury (1115-1180) : Haut fonctionnaire ecclésiastique à la curie pontificale puis secrétaire de l'archevêque de Cantorbéry, Théobald, Jean de Salisbury devient l'ami de Thomas Becket. Après s'être un temps réfugié à Reims, il termine sa carrière comme évêque de Chartres de 1176 à sa mort. Il est l'un des hommes les plus cultivés de son temps, il lance de nombreux thèmes politiques appelés à se développer largement aux siècles suivants, notamment le thème du tyrannicide et l'analyse critique du phénomène de la Cour et de la futilité des courtisans. On lui doit la célèbre formule : « Un roi illettré n'est qu'un âne couronné. »
Christophe Grellard est maître de conférences en histoire de la philosophie médiévale à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et membre junior de l'Institut universitaire de France.
L'auteur - Christophe Grellard
Christophe Grellard, ancien élève de l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud, agrégé de philosophie, est Maître de conférences à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, où il enseigne la philosophie médiévale.
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Sommaire
Introduction
Chapitre premier : Le contexte historique et sociologique
L'œuvre de Jean de Salisbury
Les sources du scepticisme de Jean de Salisbury
Préalables méthodologiques : comment établir les sources utilisées ?
Les sources latines
Chapitre deux : Les principes du scepticisme
Scepticisme et prudence épistémique
La place du scepticisme dans l'histoire de la philosophie
Les différentes formes de l'attitude sceptique
L'épistémologie faillibiliste de Jean de Salisbury
Genèse et nature de la connaissance
Probabilité et degrés d'assentiment : les formes de justification
Pratiquer le scepticisme : l'exemple du problème des universaux
L’idée comme archétype : le platonisme chrétien de Jean de Salisbury
Les idées abstraites : l’aristotélisme de Jean de Salisbury
Vers une conception sceptique des idées
Le scepticisme chrétien de Jean de Salisbury
Le modèle de la science divine
Du vrai à l’utile
Le scepticisme entre critique et apologétique
Chapitre 3 : L’humanisme comme éducation au scepticisme
Eduquer au scepticisme : du bon usage des classiques
Modèle et contre-modèle éducatifs
Ecriture sceptique et théorie de l’exemplum
La nature de l’exemplum
La construction de l’auctoritas : nature et fonction de la res gesta
Du vraisemblable à l’utile : la fonction pratique de l’exemple
Chapitre 4 : Conditions et finalités d’une éthique sceptique
La grâce et la vertu : les fondements philosophiques et théologiques de l’éthique
Doxographie et dissension
Une éthique des vertus
Les limites de la vertu : la grâce
Une éthique de la distance : la tranquillité de l’âme
L’injonction à se connaître : la connaissance de soi contre l’amour de soi
La métaphore théâtrale et l’aliénation du moi
De soi aux autres et retour : les conditions sociales de la tranquillité de l’âme
Une éthique de l’exemple : action et délibération
Les conditions de l’action (1) : la foi
Les conditions de l’action (2) : le consilium
Une éthique contextuelle
Conclusion
Bibliographie
Sources
Sources antiques
Sources médiévales
Littérature secondaire
Index des noms
Auteurs anciens et médiévaux
Auteurs modernes et contemporains
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | Les Belles Lettres |
Auteur(s) | Christophe Grellard |
Collection | Histoire |
Parution | 15/10/2013 |
Nb. de pages | 338 |
Format | 15 x 21.5 |
Couverture | Broché |
Poids | 450g |
EAN13 | 9782251381220 |
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