It-expert n° 40

Les éditeurs de logiciels vivraient-ils sur une autre planète que la notre? L'année qui touche à sa fin est à qualifier pour le moins de morose sur le plan économique, et plus particulièrement pour les secteurs technologiques. Les entreprises ont tiré sur les cordons de la bourse et cherchent par tous les moyens à réduire leurs dépenses. Nonobstant, les éditeurs continuent à nous abreuver de nouvelles technologies directement issues de leurs laboratoires de développement. Les services web, dont on nous promet monts et merveilles, en sont un exemple flagrant. Hélas, tout le monde s'accorde à dire que si les bénéfices escomptés se concrétisent, ce ne sera pas avant plusieurs semestres.

Proposer une vision à long terme est certainement très gratifiant pour ceux à qui est confiée cette tâche. C'est aussi pour eux un moyen de se rassurer, car en disant " voici ce qui sera dans 5 ans ", ils affirment " j'y serai ". Sur le terrain, les préoccupations se formulent malheureusement plutôt sur le thème : " serai-je encore là demain ? ". Il faut donc bien reconnaître que ces projections futuristes n'aident en rien, dans leur travail au quotidien, les DSI et les équipes qu'elles encadrent. Durant plusieurs années, tout s'est déroulé comme s'il fallait continuellement investir pour renouveler le parc matériel et logiciel. Poussée à l'extrême, cette logique a fini par faire dans certains cas de l'investissement LA stratégie et non plus la conséquence de celle-ci. Heureusement, les choses semblent revenir à une juste mesure. Investir redevient l'ultime solution, qui ne peut être envisagée qu'après avoir vérifié que l'on ne pouvait atteindre le but avec ce dont on dispose déjà. Or, l'existant ne se porte pas trop mal. Les travaux de rénovation en profondeur effectués dans le cadre des chantiers de l'an 2000 et de l'euro ont largement assaini bien des systèmes d'information et les ont rendus aptes à satisfaire bien des besoins des entreprises. L'acte d'achat retrouve donc tout le sens qu'il n'aurait jamais du perdre. L'acquisition doit démontrer une valeur claire pour l'acquéreur. Tout ce qui de près ou de loin peut ressembler à un gadget doit s'attendre à passer de difficiles moments. Certains éditeurs et constructeurs feraient peut-être mieux de redescendre sur terre de leur plein gré avant que la gravité ne les y précipite avec pertes et fracas. (J-P. Forestier)

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