Résumé
Ce livre conduira le lecteur jusqu'après le référendum gaulliste du 8 janvier 1961. On y trouvera ce qu'il faut savoir pour juger valablement, en intelligence et en conscience, sur le refus catégorique des Nord-Africains d'une colonisation étrangère d'où qu'elle vienne. Il ne suffit pas de dénier à ce peuple martyr le droit à la liberté de disposer de lui-même, sous prétexte qu'il ne constitue pas encore une nation. L'accusation, si elle est bien comprise, apparaîtra négative, mensongère et injuste. Placé historiquement sous les régimes successifs de l'esclavage antique, du servage chrétien, de la piraterie internationale et du capitalisme colonisateur, le peuple nord-africain s'est toujours conduit en protestataire véhément, contre toutes les atteintes portées à sa liberté native d'homme égal aux autres hommes de la création adamique. Il n'a accepté qu'au VIIIe siècle le régime islamique de la conversion, et c'est pourquoi nous donnons une place prépondérante à la 2e partie de notre exposé, l'Islam ayant précisément répondu à l'histoire politique de l'Orient et de l'Occident. Le régime international de la conversion volontaire à l'Islam arabe a été adopté par les Berbères depuis l'Égypte jusqu'au Maroc, parce qu'il représente l'unité foncière de la race humaine dans la diversité historique des peuples humains, en permettant à tous ces peuples de jouer leur chance d'hommes absolument égaux et absolument libres du péché originel adamique. Seul, le Coran a pu tirer du dogme créationniste de Moïse, qui conditionne encore notre histoire d'Orientaux et d'Occidentaux, pour les individus en général, les principes contradictoires de la divinité impersonnelle et de la personnalité de l'envoyé de Dieu, pour les sociétés en général, les deux principes correspondants de l'effort collectif ijtihâd et de la tolérance populaire istikhlâf. Il a fait accepter ainsi quatre principes directeurs, de civilisation, où se trouvent désormais fondues les divergences spécifiques entre les Arabes orientaux et les Berbères occidentaux. Ces Maghrébins, au sens large, constituent depuis lors des Nations irréductibles, malgré les croisades des papes contre les premiers et la colonisation des capitalistes contre les seconds. Les uns et les autres n'accepteront plus jamais d'être ni catholiques ni colonisés, et les triomphes momentanés des armées ennemies ne prévaudront pas plus contre eux que les ruses politiques des assimilations, des intégrations et des fraternisations plus ou moins asservissantes. La libération complète de l'Égypte et de la Libye, et les libérations partielles de la Tunisie et du Maroc seront suivies à plus ou moins brève échéance par l'indépendance totale de l'Algérie.