Résumé
Imaginez un homme, un poète, qui au cours de sa vie ne publie que onze poèmes. Rien que onze poèmes, en hébreu - une langue qui renaît après des millénaires d'oubli. Contre toute attente, son auteur se voit aussitôt reconnu par ses pairs comme l'un des poètes les plus doués et audacieux en ce début de XXe siècle. Abraham Sonne, ou Abraham Ben-Yitzhak sous son nom de plume, incarne alors l'espoir de l'ancienne langue ressuscitée. Mais cet espoir ne se concrétisera que partiellement, car Ben-Yitzhak cesse complètement de publier pendant douze longues années. Puis, en 1928, il réapparaît avec un dernier poème, intitulé « Heureux ceux qui sèment et ne récoltent pas ».<br /> <br /> Alors Ben-Yitzhak cède la place au « Dr. Sonne ». Le premier rejoint l'Olympe des lettres, le second fréquente, tous les jours à la même table, le Café Museum de Vienne. "Avec son regard d'ascète et son visage émacié, cet homme réservé mais doté d'un charisme singulier, qui avait écrit peu et à contrecoeur, impressionnait - par son érudition, son intelligence, et surtout par ses silences épiques - des intellectuels tels que Hermann Broch, Elias Canetti, James Joyce, Soma Morgenstern, Arthur Schnitzler, Robert Musil, Hugo von Hofmannsthal, le musicien Arnold Schönberg, le peintre Georg Merkel..." (Marco Filoni, La Repubblica)<br /> <br /> Fascinés par le personnage, le prix Nobel de littérature Elias Canetti et la pionnière de la poésie hébraïque Leah Goldberg ont relaté de leurs plumes vivaces leurs tête-à-tête avec cet esprit exceptionnellement vaste et profond : Canetti dans la Vienne d'avant l'Anschluss, épicentre de la culture européenne, et Goldberg ensuite, à Jérusalem et dans la ville moderniste de Tel-Aviv. Leurs récits accouplés ici en un même ouvrage se lisent telle une oeuvre de fiction tant la tension y est forte et y vibre la passion. Face au Dr. Sonne, écrit Canetti, "on sentait cette supériorité intangible qui faisait que quand il avait épuisé un argument on se sentait illuminé." Pour Goldberg, Sonne était "le premier poète hébreu dont l'horloge n'indiquait pas seulement l'heure aux Hébreux, mais scandait le temps de la littérature mondiale."<br /> <br /> Chapitre 1 : « L''Homme bon », de Elias Canetti, traduction de l'allemand, Walter Weideli (© Albin Michel)<br /> Chapitre 2 : « Rencontre avec un poète », de Leah Goldberg, traduction de l'hébreu, Dan Drai (© Accro Éditions)<br /> Préface : Marco Filoni
L'auteur - Leah Goldberg
Leah Goldberg (1911-1970), née en Prusse, a étudié en Lituanie et en Allemagne la philosophie et obtenu un doctorat en langues sémitiques. Elle a vécu en Israël, enseignant la littérature à l'Université hébraïque de Jérusalem. Elle a écrit de la poésie et de la prose, du théâtre et une vingtaine de livres pour enfants, encore connus et appréciés. Parlant sept langues, elle a traduit en hébreu des ouvrages littéraires classiques étrangers. En Israël elle est l'une des poétesses modernistes les plus importantes, aux textes populaires, souvent mis en chansons.
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