Résumé
Si l'on ne peut guère affirmer raisonnablement que la Révolution des années 1789 et suivantes fut l'épisode le plus noble et le plus grandiose de l'histoire de la France, il est nécessaire de comprendre qu'elle ne fut originale ni dans ses principes, ni dans ses méthodes, contrairement à ce que prétendent des auteurs chauvins ou masochistes. Les révolutionnaires français n'ont pas plus créé la mythologie des Droits de l'Homme qu'ils ne furent les pires criminels de l'humanité : un peu, voire beaucoup, de modestie s'impose. Il est évident qu'à la fin des années 1780 - depuis plusieurs décennies, en fait - le régime monarchique était obsolète en beaucoup de ses institutions et usages, mal adapté aux progrès techniques qui s'accumulaient. Il est non moins évident qu'une série de réformes judicieuses eût été infiniment plus efficace et moins coûteuse que le furent les cinq épisodes de la Révolution : la fronde des Notables, en 1787-88 ; les savantes combinaisons des élus du peuple, de 1789 à 1791 ; la subversion des idéalistes et des opportunistes ambitieux, des années 1792-94, ayant réussi à « colérer » le peuple - lui-même composé de quelques idéalistes, d'à peu près autant de fous furieux, et d'une majorité de médiocres désireux de s'offrir quelques instants d'agitation dans le cours d'une vie morne - pour « créer un monde nouveau » ou se faire une situation rémunératrice de professionnel de la politique ; la période de consolidation dans le Pouvoir d'une mafia « d'élus perpétuels », de 1795 à 1799, en quoi se résume le Directore ; enfin, l'époque de la reconstruction, dirigée par un authentique génie, civil et militaire, le plus grand parmi les « despotes éclairés ». Enfin, il ne faudrait pas oublier que, de 1792 à 1815, la nation française s'est offert l'une des plus fabuleuses épopées guerrières de tous les temps... qu'aucun homme d'action ne peut renier et qu'aucun « libéral » ne peut tolérer ! De 1787 à 1804 (et plus tard, pour ceux qui avaient survécu à la « Terreur »), se sont agités, illustrés ou déshonorés, quantité de personnages de premier et de second plans, ainsi que les inévitables troisièmes couteaux, les hommes de main... les personnes honorables n'ont pas toujours été récompensées et les personnages immondes ont parfois fini leurs jours riches et comblés de titres et de colifichets. Ainsi va le monde, il serait sot de s'en offusquer.
L'auteur a dressé un tableau de ces hommes (et de quelques femmes), aussi éloigné de la chanson de geste que de la condamnation sans appel.