Résumé
UNE EXPOSITION EN 3 LIEUX : 3 VOLETS, PRESENTÉE
À L'OCCASION DES JEUX OLYMPIQUES D'ÉTÉ 2024.
AU FRAC SUD - CITÉ DE L'ART CONTEMPORAIN : « L'HEURE DE GLOIRE »
AU MUCEM : « TROPHÉES ET RELIQUES »
AU MAC, MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN DE LA VILLE DE MARSEILLE :
« TABLEAUX D'UNE EXPOSITION »
Artistes : Mariam Abouzid-Souali, Adam Adach, Louka Anargyros, Noel W. Anderson, Bianca Argimón, Christian Babou, Jean Bedez, Neal Beggs, Bella Hunt & Ddc, Julien Beneyton, Berdaguer & Péjus, Guillaume Bijl, Dara Birnbaum, Julia Borderie, Lilian Bourgeat, Marie Bovo, Guillaume Bresson, Elina Brotherus, Roderick Buchanan, Johanna Cartier, Nina Childress, Lieven De Boeck, Gérard Deschamps, David Diao, Marianne Dupain, Lorraine Féline, Aurélie Ferruel & Florentine Guédon, Barry Flanagan, Florian Fouché, Jean-Baptiste Ganne, Gethan & Myles, Jef Geys, Pierre Gonnord, Lea Guldditte Hestelund, Raymond Hains, Estelle Hanania, Camille Holtz, Taro Izumi, Zuzanna Janin, Jacques Julien, Jeremy John Kaplan, Vincent Kholer, Jérémy Laffon, Stéphane Le Mercier, Frédéric Lefever, Camille Llobet, Gilles Mahé, Éric Maillet, Fatima Mazmouz, Fiona McMonagle, Priscilla Monge, Bruno Peinado, Laurent Perbos, Guillaume Pinard, Présence Panchounette, Antoine Proux, Delphine Reist, Stefan Rinck, Alexandra Riss, Pascal Rivet, Eléonore Saintagnan, Alain Séchas, Chloé Serre, Yoan Sorin, Pierre Soulages, Susanne Strassmann, Maryline Terrier, Hank Willis Thomas, Barthelemy Toguo, Olivier Tourenc, Yves Trémorin, Sarah Trouche, Thomas Tudoux, Salla Tykkä, Thomas Wattebled, Apichatpong Weerasethakul.
Les Jeux olympiques d'été de 2024, officiellement appelés les Jeux de la XXXIIIe olympiade, se dérouleront du 26 juillet au 11 août 2024 à Paris. En plus d'accueillir la voile et certains matchs de football lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, Marseille a été choisie pour l'arrivée de la flamme olympique sur le territoire français.
La question des liens entre art et sport est rarement envisagée. Pourtant l'art et le sport ont en commun d'être intimement liés au concept de jeu, au respect d'un certain nombre de règles et à leur transgression. L'historien néerlandais Johan Huizinga entamait son fondamental Homo Ludens par cet incipit tonitruant : « Le jeu est plus ancien que la culture ». Autrement dit, sans le jeu, le sport, la littérature ou l'art n'existeraient sans doute pas. Ce n'est donc pas le sport en lui-même que met à l'honneur l'exposition « Des exploits, des chefs-d'œuvre », présentée en trois volets au Frac Sud, au Mucem et au Mac, mais bien plutôt sa fonction heuristique, sa capacité à interroger d'autres domaines que le sien, et en l'occurrence celui de l'art.
Amour du jeu, culte de la performance, art de perdre ou encore revendications pour obtenir place et justice : le volet « L'heure de gloire », exposé au Frac Sud, montre que les artistes se cherchent et se reconnaissent à travers les sportifs et les compétitions (matchs ou combats) qu'ils illustrent - et rendent illustres - et, parfois, dont ils critiquent les travers. Quand Jeremy John Kaplan déploie, par exemple, un immense cyanotype bleu de la taille d'un filet de tennis pour rendre hommage à Althea Gibson, l'une des premières joueuses africaines américaines à avoir remporté un titre du Grand Chelem, Louka Anargyros met en scène, lui, un couple de motards enlacés pour dénoncer l'homophobie.
Avec le volet « Trophées et reliques », le Mucem explore, de son côté, un autre point commun à l'art et au sport : celui de l'adoration des reliques et du fétichisme attaché aux objets contemporains. L'art comme le sport produisent de la mythologie : ils s'inscrivent dans un certain nombre de croyances, la plupart fort anciennes, où se côtoient formes savantes et vernaculaires. Chez Laurent Perbos, le ballon est en cuir comme on les faisait jadis, mais étiré jusqu'à prendre la forme d'une gélule : a-t-on jamais vu si improbable objet ?
Au Mac, le volet « Tableaux d'une exposition » confirme que la question du sport dans l'art, ici tout particulièrement dans la peinture, le dessin, la photographie et la présence du motif sportif chez les artistes et dans leurs œuvres, ne sont pas des choix hasardeux. Quand l'art s'intéresse au sport, c'est parce que celui-ci occupe une surface considérable de la réalité contemporaine, parce qu'en interrogeant un tel terreau anthropologique, l'art trouve là un excellent outil pour sa propre épistémologie. Ainsi avec son portrait de Michael Chang (ce quasi inconnu qui renversa le numéro un mondial en 1989 à Roland Garros), Guillaume Pinard célèbre-t-il la réinvention de l'esprit du jeu, à laquelle peuvent s'adonner sportifs comme artistes à chaque nouvelle partie / œuvre. Tandis qu'avec Murmurations aux cent sonnets, Jean Bedez nous amène à une méditation, entre frayeur hitchcockienne et prise en compte attentive du monde animal, sur l'idée de la masse dans le monde sportif.