Résumé
Vers la fin du XIXe siècle, dans un petit jardin de banlieue, deux enfants de 10 ans, Jean et Guillaume, font connaissance parce que leurs pères, Frédéric Paulhan et Gabriel de Tarde, entretiennent depuis longtemps une correspondance philosophique. Cette rencontre sera suivie de soixante-quatorze années de profonde amitié. Pourtant, dix ans plus tard, tout devrait séparer les deux adolescents : origines sociales, conditions de vie, tendances politiques... Jean Paulhan, fils unique, vit dans sa famille, entouré d'un essaim brillant et agité de jeunes étudiantes étrangères. En effet, sa mère assure, au prix d'un travail épuisant, la vie matérielle des siens, en dirigeant une pension de famille. Quant à Guillaume de Tarde, si sa famille possède un château en Dordogne, signe d'une relative aisance, il perd très jeune son père, magistrat à Sarlat. Cependant, les deux jeunes gens partagent tout, tout au moins beaucoup : le manque d'argent, la course aux leçons particulières, les sorties, la fréquentation de jeunes anarchistes russes (au féminin), non sans de passagères jalousies, les enthousiasmes, les espoirs, les découragements, les cours et même la rédaction d'interminables devoirs de philosophie remis en Sorbonne sous leur double signature. De 1904 à 1920, Jean Paulhan et Guillaume de Tarde passent des examens, des concours, font l'expérience du service militaire, puis celle de la guerre, vivent l'un à Madagascar, l'autre au Maroc. Jean Paulhan se marie et publie ses premiers livres. Ce sont des années de grande instabilité, pour Jean Paulhan surtout, qui déménage beaucoup, voyage, cherche du travail, en change souvent, écrit pour de nombreuses revues. En 1920, il entre à la N.R.F., il y restera jusqu'à sa mort. C'est cet échange épistolaire, couvrant la période pendant laquelle l'homme se cherche et se forme, que nous avons choisi de publier dans ce premier cahier.