Babel 242

Un employé de l'Unesco à Paris s'ennuie dans son bureau et utilise le traducteur automatique de Google à des fins de création poétique. Il traduit Baudelaire, La Fontaine, Ionesco... en faisant des allers et retours entre différentes langues. Le résultat est surprenant et les lectures données au centre culturel japonais ou à la prison de la Santé connaissent un franc succès. Faut-il en rester là? Continuer ces traductions "babéliennes" qui plaisent tant à sa jolie collègue du bureau d'en face qui finira fatalement par tomber dans ses bras? Notre personnage, qui fut anarchiste tendance Netchaïev des beaux quartiers dans sa jeunesse, a décidé d'aller plus loin, de devenir un authentique héros révolutionnaire en utilisant ses traductions babéliennes. Le pouvoir du langage n'est-il pas infini? Alors pourquoi ne pas en faire une arme terroriste? En jouant sur des transformations babéliennes fonctionnant comme des virus, en espérant une véritable épidémie, voire une pandémie susceptible de faire vaciller l'ordre mondial? Le soutien inattendu des Anonymous est à la fois une aubaine mais aussi une source d'inquiétude. Ce qui n'était au départ qu'un jeu piloté depuis un bureau de l'Unesco est devenu un phénomène totalement incontrôlable. Cela n'empêche pas la représentation de la version babélienne de La cantatrice chauve prévue au festival d'Avignon d'avoir lieu. Avec Fabrice Luchini, séduit par ce jeu poétique digne des Oulipiens, en tête d'affiche devant un public infiltré par les Anonymous. On aurait pu s'arrêter là, avec ce formidable succès à la fois au Palais des Papes et sur Internet. Mais alors pourquoi Babel 242? Il ne faudrait pas trop divulgâcher. Certains devineront le lien avec le numéro d'une célèbre résolution de l'ONU. Célèbre mais jamais appliquée. Ce qui constitue une des causes des désordres passés, actuels et futurs au Moyen-Orient, mais aussi dans le monde entier.