Résumé
« Allez comprendre » : la perplexité traverse le recueil de Rae Armantrout, face aux menaces que le capitalisme débridé et l'égoïsme attenant font peser sur l'environnement et les valeurs humaines. En phase avec son temps, à l'écoute, et sensible aux plus infimes vibrations comme aux secousses qui ébranlent la planète, Rae Armantrout poursuit l'exploration des êtres, des choses et du langage, avec la gravité d'un regard lucide et la fraîcheur de l'imaginaire enfantin. La précision de sa langue ancre la vision d'un monde frappé par la fragmentation, où l'on subit l'assaut d'incessantes sollicitations. La diversité des objets sur lesquels Armantrout porte son attention reçoivent un regard également plein de délicatesse, qui effleure le monde sans l'érafler, plein d'un humour tendre, même si la critique et l'indignation y apportent parfois une touche plus incisive, et le regret, un soupçon d'amertume. De sa langue éminemment suggestive et sonore, le dernier recueil d'Armantrout engage les lecteurs en poésie : une poésie de la pleine conscience, de l'éclat et de la reliance. Rae Armantrout, née en Californie le 13 avril 1947, est l'autrice de 13 livres de poésie et d'une autobiographie, True (Atelos, 1998). Elle grandit à San Diego. Son père est un militaire alcoolique, sa mère une vendeuse de bonbons dévote. Ses études lui permettent de quitter la ville de son enfance pour travailler auprès de Denise Levertov à Berkeley. C'est là qu'elle rencontrera ses "compatriotes générationnels", Ron Silliman, Lyn Hejinian, Kit Robinson, Bob Perelman, etc., avec qui élaborera une « autobiographie expérimentale collective » en 10 volumes : The Grand Piano (Mode A, 2006-2010). Son 10e livre, Versed, a reçu le Prix Pulitzer en 2010. Son oeuvre a également fait l'objet de deux anthologies : Veil (Wesleyan University Press, 2001) et Couverture, en français (Les Cahiers de Royaumont, 1991). Elle enseigne actuellement à l'Université de San Diego.