Zingarina ou l'herbe sauvage

Le récit de Sandra Jayat s'inscrit dans la tradition de la littérature manouche. Teintée d'humanisme, cette littérature méconnue n'a pas d'autre source que la culture tzigane, riche de sa mythologie, de sa tradition orale et de sa capacité d'écoute des anciens et de la nature. La Zingarina est imprégnée de cette identité. Sandra Jayat, poétesse de la nature, nous conte son incroyable destin. Un texte aérien comme un rêve devenu réalité. La tolérance et la générosité en constituent les heureux ingrédients.

Sandra Jayat raconte. Née Tzigane en Italie, à 15 ans, elle fuit le mariage que lui impose la tradition de son campement, elle part sans se retourner. Un objectif : rejoindre à Paris son cousin Django Reinhart. Sur la longue distance qui la sépare de la capitale, ne sachant ni lire ni écrire, fatiguée par la marche et tourmentée par la faim, elle subit les quolibets et les agressions racistes. Mais la jeune Sandra dispose de ressources inépuisables. Sa force réside dans son héritage manouche. Elle ressent la nature dont elle sait tirer les bienfaits pour se nourrir et se soigner. L'ombre de ses ancêtres est sa "provision d'allégresse". Ses pierres magiques, ses danses la protègent. Elle savoure les moments de complicité partagés dans les campements manouches qui l'accueillent parfois pour la nuit.

Arrivée à Paris, au cœur du bouillonnement culturel, le hasard de sa destinée et sa force de caractère la propulsent au coeur de la bohême artistique. Elle apprend à lire, commence à écrire de la poésie. C'est Marcel Aymé qui recollera un de ses poèmes déchirés, l'encouragera et présentera son premier manuscrit, Herbes Manouche,s à Pierre Seghers éditeur, qui le publiera en 1961. Dans les quartiers de Montmartre, de Saint-Germain-des-Prés, de Montparnasse d'après guerre, elle se lie d'amitié avec les plus grands de l'époque : Cocteau illustre sa poésie, Chagall soutient son talent pour la peinture. Ses tableaux feront le tour du monde. Elle expose avec Salvador Dali, rencontre Aragon, joue aux cartes avec Sinatra.

Son merveilleux périple semble ne pas vouloir s'arrêter. Sandra Jayat devient une artiste mondialement reconnue. Elle raconte comment elle parvient à organiser avec succès, malgré les embûches, la première exposition mondiale d'art tzigane à Paris, aidée par Jack Lang alors ministre de la Culture et Jacques Chirac, maire de Paris.