Résumé
« Riche amateur », grand voyageur, esthète, écrivain raffiné : telle est l'image que la mémoire littéraire a gardée de Valery Larbaud. Né à Vichy en 1881, fils unique d'un pharmacien ayant fait fortune en exploitant la source de Vichy-Saint-Yorre, choyé par une mère idolâtre, Larbaud grandit dans un environnement privilégié. Mais l'emprise maternelle est très lourde : mis sous tutelle à sa majorité, il manquera souvent d'argent et passera le plus clair de sa vie à écrire et à traduire. S'il voyage en Angleterre, en Italie et en Espagne, c'est pour des séjours studieux. Car Larbaud est un grand « passeur », un modèle d'ouverture à la littérature étrangère. Il défend avec ferveur Walt Whitman, Italo Svevo, Ramón Gómez de la Serna, James Joyce, pour lequel il se bat alors que celui-ci est incompris. L'esthète Larbaud est aussi très actif dans le monde des lettres parisien. Ami d'André Gide, Léon-Paul Fargue, Gaston Gallimard, Jean Paulhan, Adrienne Monnier, Saint-John Perse, il collabore étroitement à des revues qui comptent, de la Nouvelle Revue française à Intentions. La figure de Larbaud se confond avec celle de A.O. Barnabooth, le milliardaire, héros et auteur fictif des Poèmes par un riche amateur et du Journal de A.O. Barnabooth, paru en 1913. L'ouvrage l'a rendu célèbre. Cette quête résolument moderne se lit avec un plaisir intact, comme ses autres chefs-d'œuvre, en particulier les récits des Enfantines et son roman, Fermina Marquez. Grâce à des correspondances inédites, cette biographie restaure la vraie dimension d'une vie vouée à la littérature et la présence d'un écrivain qui souhaitait modestement être par ses livres « une main fraîche sur quelque front ».