Une fleur dans les glaces

RÉSUMÉ



Émaillé des souvenirs personnels de Géraline Danon aussi bien que du récit d'un voyage en bateau, le livre raconte le franchissement du passage du Nord-Ouest par toute une famille. Débutant à la rencontre du premier iceberg, au large du Groenland, il s'achève lorsque leur bateau accoste enfin de l'autre côté, sur les rives de l'Alaska, en plein automne arctique.


Pendant près de trois siècles, des générations de navigateurs ont tenté de trouver une voie maritime reliant l'Atlantique nord au Pacifique. Nombre d'entre eux y ont laissé leur vie. La plupart furent forcés d'hiverner dans ces régions hostiles, parfois plusieurs années, leurs bateaux enserrés dans les glaces. En 1906, le Norvégien Roald Amundsen sera le premier à réaliser l'exploit ? il aura mis trois ans. Depuis, seule une vingtaine de voiliers ? dont seulement sept français - ont réussi à emprunter de nouveau le passage dans son intégralité. C'est ce passage, pari risqué et dangereux, au succès incertain tant les glaces sont imprévisibles et l'été arctique éphémère, qu'ont décidé de tenter Philippe Poupon, l'un des plus grands navigateurs de notre époque, sa femme, la comédienne Géraldine Danon, qui n'avait jamais passé une nuit dans un bateau, avec leurs quatre enfants, âgés d'un à douze ans !


L'expérience sera préparée avec soin. Le bateau dans lequel va embarquer la famille, Fleur Australe, est né de la longue expérience de Philippe dans les mers australes, dans l'Antarctique, en Géorgie du Sud, dans les canaux de Patagonie et les Falkland. Ce ketch de vingt mètres en aluminium est spécialement conçu pour les régions polaires, avec une bonne isolation, deux systèmes de chauffage et une timonerie qui permet de barrer abrité. Sa coque renforcée et ses cloisons étanches en font un bateau prêt à affronter les glaces en toute sécurité. Sa quille relevable et son faible tirant d'eau lui offrent la possibilité de s'échouer. Le bateau est prévu pour un équipage de huit personnes, avec une grande autonomie en réserve de carburant et nourriture. Il a été conçu pour de longues missions avec tout le confort et le matériel de sécurité : combinaisons de survie pour chaque équipier, balises de détresse, radar, communication par satellite, prévisions météo. À tout cela, il convient d'ajouter une petite machine à laver le linge, la pâte à modeler des petites, des DVD pour les grands, des valises pouvant convenir aux températures extrêmes (grand chaud et grand froid), des livres...

Lors de la traversée, les risques, très réels, sont de se faire enserrer dans les glaces - ce qui leur arrivera -, de talonner sur les hauts fonds - ce qui leur arrivera aussi-, et de se perdre dans le labyrinthe impénétrable des chenaux qui fendillent la banquise ? ce qui leur arrivera également... Chaque fois, l'expérience de Philippe Poupon parviendra à les tirer d'affaire. Et le récit de la vie quotidienne d'une famille recomposée de quatre enfants avec ce qu'elle a de plus ordinaire, transposée dans un environnement tout à fait extraordinaire, se mêle à toutes sortes de résonances provoquées par la navigation. Au fur et à mesure qu'ils avancent dans le passage, des souvenirs reviennent à Géraldine Danon, et parsèment sa trajectoire. Souvenirs des six mois de navigation qu'ils ont déjà passés en famille, au large de la Mauritanie, dans les îles Canaries, dans les alizés lors de la traversée de l'Atlantique, au milieu des Antilles, puis à New York. Mais des rémanences plus lointaines s'y ajoutent, de sa vie passée dans le cinéma, de ses tournages à l'étranger, d'Hollywood, de son enfance entre Alain Delon, Romy Schneider et ses parents fantasques, du restaurant qu'elle tenait à Montmartre, où les balayeurs côtoyaient les stars, du théâtre dont Lelouche lui avait confié la destinée, de sa vie amoureuse. Les lieux que Fleur Australe traverse sont aussi chargés du nom et des exploits de ceux qui les y ont précédés pour défricher ces terres inhospitalières, et dont Géraldine Danon nous fera partager les récits épiques, ainsi que son attirance pour les peuples inuits et leurs coutumes.

L'année 2009 a été une année chargée en glace, rendant le passage délicat. Malgré le réchauffement climatique, la fonte de la banquise et l'annonce de l'ouverture du passage au trafic maritime, ce passage demeure toujours une aventure à haut risque. Mais les Danon-Poupon réaliseront pourtant leur traversée, du détroit de Davis jusqu'à celui de Béring, en quelques semaines seulement, qui seront pour toute la famille si riches en émotions, en souvenirs et en événements forts qu'aucun n'en sortira indemne. Ils passeront pour la première fois le cercle polaire, verront leur premier soleil de minuit, leur première banquise, leurs premiers ours polaires, leurs premières baleines, leur première aurore boréale. Ils fêteront le premier anniversaire de leur benjamine au milieu de l'Atlantique, les treize ans de leur aînée sur un bout de banquise, ils pleureront des amis et des proches disparus en leur absence, ils craindront pour la vie de leur fillette en pleine traversée, assisteront à ses premiers pas dans la toundra, entonneront ensemble, sur le pont, des chants d'autrefois, et reviendront changés, enrichis par la magnifique aventure qu'ils nous font partager.