Résumé
De la fin du IXème siècle à celle du XIVème, à travers toute l'Europe, plus de dix générations de poètes, musiciens, chanteurs, hommes et femmes des cours ou pauvres jongleurs, vont écrire l'histoire des troubadours et fonder la poésie moderne. Avec, dans chaque contrée, des richesses particulières et des découvertes. Un accent, une langue à l'épreuve du jeu et du métier. Les troubadours galego-portugais occupent une place de choix dans ce vaste concert. Ils sont rois ou grands capitaines, soldats, hobereaux ruinés, bourgeois enrichis ou petites gens, navigateurs promis à l'aventure, combattants de la Reconquête contre les Maures... Ils viennent du nord du Portugal actuel et de la Galice où une même langue se pratique. Ils viennent de Castille et du Leon, comme le roi Alphonse X qui dicte ses lois en castillan et ses poèmes, dont les «Chants pour sainte Marie», monument de la poésie sacrée, en galego-portugais. Ils viennent d'Aragon et de plus loin. Des troubadours provençaux écrivent dans cette langue, et même un gênois... Avec eux, de la fin du XIIème siècle au milieu du XIVème, le chant courtois se poursuit, cependant qu'ils créent, avec les «Chants d'ami», une autre façon d'aborder la «folie du cœur» et avec le «parallélisme», une technique singulière pour la dire. Les troubadours galego-portugais développent également, à leur manière vigoureuse, agressive et drôle, les «Chants de médisance et de raillerie», poèmes d'interventions où l'âpreté, la rudesse, le disputent à la crudité des thèmes et du langage. On trouvera ici quatre-vingt douze chants d'ami par trente-huit troubadours ; cinquante-trois chants de médisance et de raillerie par trente-quatre troubadours ; trente-huit chants d'amour par vingt-deux troubadours. Soixante-dix troubadours sont présents.