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Toute vérité est bonne à dire
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Librairie Eyrolles - Paris 5e
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Toute vérité est bonne à dire

Toute vérité est bonne à dire

Claude Allègre

310 pages, parution le 31/08/2000

Résumé

J'aurais pu être un bon gros ministre sympathique dont on aurait dit : " C'est un bon ministre de l'Education : il ne fait rien. " Quatre mois après avoir quitté son poste de la rue de Grenelle, avec la franchise et le talent de conteur qui le caractérisent, Claude Allègre parle. Il dit aujourd'hui tout ce qu'il ne pouvait pas dire quand il était ministre : ce qu'est la réalité inquiétante de l'éducation en France, comment la lourdeur du " mammouth " - qu'il conviendrait mieux de nommer dinosaure - paralyse toutes les initiatives et pénalise les élèves, comment, en dépit de la conscience professionnelle de la grande majorité des profs, une tradition corporatiste et un syndicalisme conservateur bloquent le changement et font que le meilleur système d'enseignement du monde se dégrade chaque année davantage. Ministre réformateur, Claude Allègre tire le bilan de son action de modernisation, dénonce les tares du système et indique les voies de l'avenir pour le système éducatif. Ministre politique, longtemps le plus proche conseiller de Lionel Jospin, il dévoile aussi les coulisses de la vie politique, décrit l'envers du décor de la gauche plurielle et nous fait pénétrer au coeur de l'action gouvernementale, comme jamais ne l'avait fait un des principaux personnages de l'Etat. Rouage essentiel de la machine Jospin, il livre enfin le secret d'une ascension fulgurante qui a conduit son ami à Matignon deux ans après qu'on a annoncé sa mort politique. Opération vérité sans précédent, le témoignage de Claude Allègre jette une lumière saisissante sur le véritable fonctionnement de la démocratie française.

L'auteur - Claude Allègre

Claude Allègre est professeur à l'Institut universitaire de France, à l'université de Paris-VII et à l'Institut de physique du Globe. Il a été ministre de l'Éducation nationale, de la recherche et de la technologie de 1997 à 2000. Il est, depuis 2000, chroniqueur à L'Express.

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Sommaire

Laurent Joffrin : Samedi 25 mars 2000, vous déjeunez avec Lionel Jospin à Matignon. C'est un déjeuner crucial. Le Premier ministre a décidé de remanier le gouvernement. Jospin va vous annoncer, à vous l'ami de quarante ans, le ministre de l'Éducation, qui jouez un rôle essentiel dans son dispositif, qu'il se passe de vos services... Claude Allègre : C'est un mauvais souvenir, c'est vrai. Je n'ai pas vu le Jospin que j'aime. [...] Il était froid et mal à l'aise, fermé et fuyant. Nous disions tous depuis toujours : il y a Lionel et il y a Jospin. Lionel est chaleureux, drôle, bon camarade, direct, simple et facile. Jospin peut être forcé, raide, formel, solennel, cassant parfois ; il a l'esprit de sérieux de celui qui entre dans un rôle d'homme d'État, il revêt une sorte de corset institutionnel. Là, c'était le Jospin des mauvais jours. Il m'a expliqué que la situation avec les enseignants du secondaire était trop tendue, que le PS craignait des représailles électorales, bref, que le rapport de force était défavorable. [...] Il m'a déclaré : " Le mieux est que tu sortes du gouvernement. " J'ai objecté qu'on pouvait faire le gros dos, attendre, tenir, que l'opinion nous soit reconnaissante. Cela lui paraissait impossible. À son attitude, j'ai pensé qu'il était inquiet. Il m'a dit : " On réfléchit encore, et je te rappellerai avant lundi, mais je crois que c'est la meilleure solution. " Il n'était pas à l'aise. Je crois sincèrement que c'était aussi pénible pour lui que pour moi, et que son attitude était une protection contre lui-même, contre son cœur qui risquait de l'incliner à faire ce que sa raison lui interdisait. [...]L. J. : Revenons en arrière. Au début janvier 2000, lorsque vous présentez vos vœux à la presse, vous êtes serein. Vos réformes s'appliquent et le front syndical est calme. Trois mois plus tard, vous êtes écarté du gouvernement dans un climat d'hallali. Que s'est-il passé entre-temps ? C. A. : L'explication est très simple : j'ai été victime d'une opération organisée qui a conduit Lionel Jospin à me sacrifier. Ce n'est pas la colère des enseignants contre tel ou tel projet qui m'a fait tomber, c'est un complot, une cabale préparée, patiemment, souterrainement, par les forces conservatrices du monde enseignant contre la personne du ministre. Dans un ministère qui était totalement aux mains des syndicats depuis des années, et en particulier d'un syndicat depuis quatre ans, j'avais remis les choses en place, restauré l'autorité du ministre, j'avais engagé des réformes qui bénéficiaient aux élèves (et pas seulement aux enseignants), j'avais mis cette société éducative en mouvement, tout en m'attaquant à la maîtrise des dépenses, bref, j'incarnais la Réforme avec un grand R d'une manière qui était devenue insupportable pour eux. Ces forces n'ont eu de cesse que de me faire partir. L. J. : Quelles sont ces forces conservatrices ? C. A. : Le SNES, le principal syndicat de l'enseignement secondaire, qui a su trouver l'appoint d'un certain nombre d'enseignants et d'intellectuels attachés aux méthodes pédagogiques les plus traditionnelles et à un enseignement élitiste qui n'existe plus. Le SNES n'a pas hésité à s'allier au syndicat de droite le plus extrême, le SNALC. Le SNES voulait sa revanche. [...] Son extraordinaire capacité à s'opposer à toute réforme avait été vaincue, son obsession de créer des postes, des postes, encore des postes, avait été maîtrisée. Il ne contrôlait plus les nominations, les mutations et les promotions des enseignants. Pour la première fois depuis des décennies, son pouvoir avait été battu en brèche. J'étais devenu son ennemi personnel, psychologiquement et politiquement. [...] L. J. : Mais enfin, tous les profs qui vous critiquaient n'étaient pas tous manipulés par le SNES ! C. A. : Directement, non, bien sûr, indirectement, par imprégnation progressive, si. Mais, encore une fois, tout cela s'est déroulé à contretemps. En fait, nous étions entrés dans une phase d'apaisement. Les réformes étaient passées. Je me gardais depuis deux ans de tout propos abrupt, qui aurait pu éveiller les passions. Les choses rentraient progressivement dans l'ordre. Il suffisait de tenir. Les vacances n'étaient pas loin. Encore une ou deux semaines et la campagne faisait long feu. Le milieu n'était pas uni. Il n'y avait pas de front du refus contre moi. De plus, les parents d'élèves, après s'être laissé manipuler par un faux slogan - celui qui consistait à demander plus de moyens pour l'éducation -, commençaient à se mobiliser en ma faveur. On s'apercevait que le SNES voulait non seulement ma peau mais aussi celle de toutes les réformes. Or, celles-ci ne sont pas aussi impopulaires qu'on l'a fait croire. [...] Il ne fallait pas céder. Ma politique avait remis le SNES à sa vraie place, celle d'un syndicat et non celle d'un gérant de fait du système éducatif. Que nous réserve l'avenir ? L. J. : Vous pensiez gagner, mais on vous a lâché... C. A. : Une partie des dirigeant du PS ont voulu me faire partir. Ils ont été intimidés par le chantage du SNES, qui a menacé de faire voter contre les socialistes aux prochains scrutins. [...] La reddition coûte bien plus cher que la résistance : dans l'épreuve, face à la rue, Jospin n'aurait pas dû céder. Surtout quand le mouvement était en phase de reflux. L. J. : Il vous avait soutenu jusque-là sans faille... C. A. : C'est parfaitement exact. Jospin, en fait, considérait que je devais réaliser les réformes qu'il n'avait pas pu faire ou terminer quand il était ministre de l'Éducation. Les réformes Allègre étaient très voisines dans l'esprit de celles qu'il avait lui-même engagées lorsqu'il était ministre et qu'il n'avait pas pu faire complètement aboutir, car le soutien du Premier ministre, mais surtout du président de l'époque, lui manquait. Le SNES, avec qui il avait pourtant cherché à avoir des bons rapports, lui avait créé aussi pas mal de difficultés. Il connaissait bien la musique. Il se souvenait des grèves contre lui, notamment celle des lycéens. Et il m'a soutenu sans faiblesse au printemps 1999 où, pourtant, les affrontements avaient été plus rudes que ceux de 2000, mais enfin... Après la première manifestation de mars, il m'a appelé très gentiment. Il était amical, affectueux même. Il s'inquiétait de mon moral. [...] Ensuite, il y a eu la manifestation du 16 mars, plus nombreuse, plus agressive. Cette fois, il parlait à la télévision le soir même. [...] Et il n'a pas prononcé le mot " réformes ". Pourtant, le matin même, nous avions interrogé son cabinet. On nous avait rétorqué : " Le Premier ministre réaffirmera la nécessité des réformes. " Le soir, plus rien. Nous avons compris : nous étions lâchés. L. J. : Vous avez cherché à savoir ce qu'il en était, à prendre contact avec Jospin ? C. A. : J'ai parlé au directeur de cabinet de Jospin, Olivier Schrameck. C'est un ami que je connais bien et que j'estime beaucoup. Je lui ai demandé si un remaniement se préparait. Il m'a répondu qu'il fallait le faire à froid et non au milieu d'une crise. Il a ajouté : " Il faut que vous vous voyiez d'urgence, Lionel et toi. " [...] Lionel avait un emploi du temps très chargé et il a fallu attendre plus d'une semaine pour se parler en tête à tête. Entre-temps, Christian Sautter avait présenté sa démission. [...] Jospin avait été interrogé sur le remaniement à RTL. Il avait répondu maladroitement, en utilisant une pirouette : " Ça s'annonce après ", et les médias avait aussitôt traduit : le remaniement est imminent. [..] L. J. : Qu'avez-vous fait après le déjeuner du samedi avec Jospin ? C. A. : Ce qu'on fait dans ces cas-là. J'ai réuni quelques collaborateurs pour leur annoncer que nous faisions nos valises et je me suis occupé de les recaser honorablement Il y avait une grande émotion, un abattement et, en même temps, un profond sentiment d'injustice. [...] J'ai demandé à Jospin qui me remplaçait. Il a préféré éluder. [...] Il a sans doute craint une réaction un peu vive de ma part. Par-delà les personnes, Lang et Fabius étaient le symbole d'une époque et d'une manière de faire la politique dont nous nous étions démarqués... L. J. : À peine un mois de crise et vous n'êtes plus ministre. Le choc est rude... C. A. : Oui, c'est comme un feu de maquis en Corse. Au départ, il y a quelques flammèches loin dans la forêt. Le lendemain matin, votre maison n'est plus qu'une ruine noircie. Mais je ne regrette rien. Et chaque jour, depuis que je ne suis plus ministre, je reçois des témoignages de soutien de personnes qui ont cru en moi et en mes réformes ; par écrit, dans la rue, au restaurant... Je l'avoue, cela me fait plaisir. On n'est pas ministre de la République pour soigner sa popularité et ne rien réformer. [...] Je regrette de ne pas avoir achevé ma tâche, bien sûr. Il y avait un gros travail à effectuer durant la présidence française de l'Europe, notamment pour la recherche et l'Université. Mais c'est la vie... [...] Je voulais faire clairement savoir à mes successeurs que je ne laisserais pas passer mes réformes à la trappe par démagogie sans réagir. [...] Après quelques incertitudes, toutes les réformes ont été confortées. L. J. : Quel était votre état d'esprit ? C. A. : J'étais meurtri par l'injustice, par la soudaineté de la décision et, en même temps, soulagé et ravi de retourner à ce qui est la passion de ma vie : la recherche. [...] La vie politique n'est pas la seule vie pour moi. Je suis navré de ce qui est passé, mais aussi fier et apaisé. Je n'avais pas envie d'être un ministre classique. [...] J'aurais pu être un bon gros ministre sympathique, dont on aurait dit : " C'est un bon ministre de l'Éducation, il ne fait rien. " La direction du Parti socialiste m'aurait soutenu à fond... J'ai préféré m'engager, quitte à prendre des coups. J'espère que, comme me l'a écrit un éminent collègue ministre, " une fois les passions retombées, l'Éducation nationale ne sera pas la même avant et après Allègre "...


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Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) Robert Laffont
Auteur(s) Claude Allègre
Parution 31/08/2000
Nb. de pages 310
Format 15.2 x 24
Couverture Broché
Poids 450g
Intérieur Noir et Blanc
EAN13 9782221093078

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