Thomas

Il y a des êtres comme Thomas Lapessé qui ne sont jamais en paix avec eux-mêmes. Toujours, dans leur âme, se livre un combat entre la chair et le sacré, comme si la foi qui les soutient, si vive qu'elle soit, ne pouvait se manifester sans la tentation constante du péché, qui est le prix de la Grâce.

Élève des pères, étudiant de théologie à Tübingen, puis novice chez les jésuites, Thomas était déjà un adolescent fougueux et torturé par le désir, auquel il cédait parfois, m- par une sorte d'irrésistible élan panique. Après avoir quitté la Compagnie de Jésus afin de poursuivre à la Sorbonne ses études sur la pensée religieuse, ce jeune homme avide de savoir essayait encore de concilier saint Albert et la pratique des mystiques avec ses soudains débordements.

Solitaire, mal aimé, désespéré après chacune de ses rechutes, il manquait à ce timide au tempérament dominateur l'apaisement d'un sentiment partagé. Marcelline, trop coquette, trop fuyante, ne devait être qu'une illusion, mais Toinon, enfin, allait lui apporter l'équilibre d'un amour et d'un foyer véritables.

Mais peut-on aimer deux fois ? L'apparition dans sa vie de Florence Warenger, une de ses étudiantes, était sur le point d'apporter peut-être une réponse à cette terrible question quand un drame viendra brusquement bouleverser l'existence de Thomas et de sa famille.

C'est "dans l'échec" que Thomas mourra, sans avoir pu vaincre tout à fait le démon qui l'habitait. "Seul Dieu peut être désir et amour, sans faille."

Passionné quand il n'est plus à la mode de l'être, érudit quand les connaissances se font de plus en plus superficielles, théologien quand l'athéisme gagne le monde, Thomas n'en est pas moins à l'image de beaucoup d'hommes de ce temps, qui appartiennent à cette race éternelle des rebelles inspirés, et se reconnaîtront en lui, avec la divine surprise d'avoir été compris.