Résumé
Les mots couleur du temps pour une valse à mille temps, on dirait qu'Emmanuelle s'avance sur les traces de Brel, fuyant un Bruxelles au morne quotidien pour la Ville Lumière et les Tropiques solaires, surtout maritimes.
Comme si elle exprimait par là le tropisme d'une naissance aux centuples rivages. La mer ouvre l'horizon à ses bords, à l'inverse de la pluie dont le rideau semble achever de refermer la vue qu'on a de la rue, interrompre l'élan qui porte le regard à l'horizon, aux lointains :
La mer, à la fois berceau, creux porteur et grand large, porte la vague, lame de fond qui tient au corps, au ventre, du vivant, boule de sang roulée au monde.
Qu'il cesse de se répandre, ce sang compté au vivant, régulé aux femmes, c'est un peu de l'élan vital, de son génie, qui semble se retirer comme à l'ensablement d'un lit.
Les villes, dont les noms semblent appeler comme brusselait Bruxelles au temps de Brel, appeler plus que nommer, sont le lieu privilégié des déambulations. Les rues, les pavés, les trous qu'ils semblent refermer sous les pas, les passants qui, passant, ignorent que ce faisant ils passent, les chiens, en scandent la rumeur et les humeurs.
L'énergie cinétique, l'allant, semble être le moteur qui impulse l'auteure quand, par ailleurs, c'est au creux de l'amour, au lien des bienheureux, qu'elle se ressource, qu'un corps bat à son heure.
Le sens qui n'en a pas, c'est la vie même, danse à mille pas, portée par la vague dans la circulation des flux et la respiration des vents sous la voussure du large, le mot qu'on note, celui qu'on profère, celui qu'on rencontre, celui qui vous rencontre.
Au fil de son verbe, vibre, chair, la poète, sur les touches d'ivoire, l'ivoire de ses ongles, de ces dents qu'on se fait sur le langage, le phrasé des voix.