Résumé
La carrière diplomatique de Federico Sensi l'a, successivement, conduit du Chili à l'Argentine, aux États-Unis, en Turquie, en URSS. À Rome, il a occupé des postes importants et notamment, par deux fois, celui de conseiller diplomatique du Président de la République. À Moscou, ce furent neuf années (1964-1973) d'un travail intense et créatif, étendu à tous les domaines, de la culture à l'économie, avec des résultats très positifs qui donnèrent un remarquable élan aux relations italo-soviétiques. Les convictions nettement spiritualistes de Federico Sensi ne pouvaient pas se concilier avec le matérialisme historique et le marxisme en général, mais il approfondit sans préjugés, la connaissance de l'idéologie et du système soviétique. En tant que diplomate, il considéra que de bonnes relations bilatérales, maintenues avec réalisme et équilibre, auraient contribué à la détente et à la paix. Federico Sensi est l'un de ces diplomates, dont l'activité professionnelle est accomplie comme une mission, s'inspirant d'une conception qui n'est pas seulement technique, mais aussi culturelle et spirituelle. En Russie comme ailleurs, il s'intéressa surtout à l'être humain, comme centre de l'Histoire ; cela explique qu'il ait préféré décrire la condition humaine, le « privé », plutôt que publier les traditionnelles « Mémoires » d'un ambassadeur. Dans ce recueil de contes et de récits « Russie, amour », on relève ces attitudes. On comprend que l'auteur aime le pays où il a vécu pendant de nombreuses années, et il en analyse avec objectivité les problèmes, comme les différents aspects. Ces contes et récits sont écrits sans prétention littéraire, mais avec une sincérité scrupuleuse et un sentiment immédiat, dans un effort constant de pénétration du milieu, ainsi que des individus eux-mêmes, avec leurs passions, leurs qualités, leurs défauts. L'auteur aime ses personnages, qui reproduisent des personnes réelles ; chacune d'elles avait éveillé en lui une émotion profonde. Ce diplomate est parvenu à comprendre l'homme russe passionné et mystique, au-delà de l'idéologie et de la structure totalitaires du communisme réel. Il est évident, en conclusion, que l'auteur souhaite un rapprochement entre l'âme occidentale et l'âme russe. Il considère même indispensable ce rapprochement, pour que l'Europe et le monde entier puissent se sauver du drame actuel, et créer une nouvelle civilisation spiritualiste et universelle. C'est une utopie mais aussi, peut-être, une toute petite lumière, qui laisse espérer la sortie d'un très long tunnel.