Michel Vanvaerenbergh nous invite à embarquer dans ce recueil de nouvelles autobiographiques, glissant quelques anecdotes personnelles de sa carrière de pilote.
A PROPOS DE L'AUTEUR :
En 1948, Michel Vanvaerenbergh poursuit des études d'ingénieur industriel avant d'intégrer l'école d'aviation civile à Bruxelles. Pendant près de trente ans, il pilotera des Boeing pour le compte de la Sabena, la compagnie aérienne nationale belge. Devenu instructeur en vol, il donnera cours de navigation aérienne et maritime dans diverses écoles et rédigera le cours de navigation de l'administration de l'aéronautique. Son livre, Souvenirs sans gloire, se décline sous forme de 14 nouvelles.
Le vol suivant n'est pas un vol réel, c'est un contrôle de compétence au simulateur, un prof check. Je ne résiste pas au plaisir de le décrire car, pour une fois, même si je n'ai pas été parfait, j'ai eu le beau rôle.
Tous les six mois, un pilote doit subir un prof check au cours duquel on teste ses capacités au pilotage, sa connaissance de l'avion en situation d'urgence et son esprit de décision. Il en va de même pour les mécaniciens. C'est mon premier prof check depuis ma qualification : je suis un gamin sur Jumbo. Les deux autres membres d'équipage sont beaucoup plus expérimentés que moi sur 747, ce qui me rassure. Le commandant est Éric, que vous connaissez. Il fume, et de manière effrénée. Il ne fait pas d'escale entre deux cigarettes. En approche, si son mégot flame out à 300 pieds, à 200 pieds, non seulement le relight de la nouvelle cigarette est completed mais elle est déjà en régime de croisière : impressionnant. Je ne connais pas Gilbert Gr., notre mécanicien. C'est un des meilleurs sur Jumbo. On dit de lui « Avec Gr... pas de problème ». Son nom rime avec « pas de problème ». Il a dû avoir de gros problèmes de santé car d'arrêt médical en prolongation administrative, non seulement il n'a plus passé de check depuis dix-huit mois, mais de surcroît, il vole toujours. Une vraie catastrophe si l'administration devait tomber là-dessus.
Pour nous contrôler il y a le chef pilote Jef V. et le chef mécanicien Louis D. Je connais bien le chef pilote. Enfin, c'est plutôt lui qui me connaît bien car il m'a formé, je suis son premier élève en Jumbo. Je tutoie le chef mécanicien Louis D. car nous avons souffert ensemble. Nous faisions partie du même équipage, lors de notre conversion Jumbo. Moi, je venais du 737, Louis était chef mécanicien DC10.