Résumé
Premier livre de l'auteur, Pierres Noyées, marqué notamment par la lecture des poètes américains de « Black Mountain » (Olson, Creeley, Duncan...), marqua en son temps une rupture avec la poésie traditionnelle irlandaise. La banalité des motifs, la multiplicité des voix et des approches, cet intérêt déjà pour les paysages et cette perception du monde si particulière, au bord de la conscience, que Geoffrey Squires radicalisera dans ses livres suivants. Un monde en équilibre entre son emportement technique et sa dimension intime. A quoi tiennent nos vies, rats de laboratoires, individus aux comportements déterminés, ou bouleversés par la réalité du monde ? Entre les souvenirs de Californie et les excursions dans le désert iranien, on voit la vie simple des fermiers, des habitants des petits villages d'Irlande, des femmes qui vont laver leur linge. Toute cette existence qui parfois s'ignore, si calme, méthodique en apparence ; on cultive les champs, on répare une voiture, on va à la ville. Des endroits simples et étranges, jusque dans ce qu'ils ont de familier ; Squires évoque cette façon qu'ont les lieux de nous investir, de creuser notre vide. Tout dans ce livre, de la maison familiale aux jeunes amants en voyage de noces en passant par la touriste en vacance, semble sous une apparence heureuse être rongé par l'ennui et la décomposition. Il s'opère comme un dérèglement, accentué par les accès de fièvre de certains textes : rêveries, anticipations, délires, et les changements de ton et de rythme incessants de l'ouvrage. Pierres Noyées est le livre le plus ouvert de Geoffrey Squires, un livre qui ne s'arrête jamais.