Résumé
Ce volume s'ouvre sur les deux derniers romans de la «trilogie» des Snopes. Une trilogie, certes : Faulkner l'avait conçue comme telle en 1938, à moins que, comme lui, on ne remonte au tout premier projet, qui date de 1925-1927. Mais si Le Hameau paraît dès 1940, quinze années passent, et quelques grands livres paraissent, avant que le romancier ne revienne aux Snopes. La Ville (The Town) est publié en 1957 ; La Demeure (The Mansion), en 1959. Dans ce dernier volet, Faulkner fait figurer une note liminaire qui pourrait passer pour un «mot d'excuse» - «on trouvera des divergences et différences dans le déroulement de cette chronique particulière au long de trente-quatre années» -, mais qui est en fait l'affirmation de sa liberté. La vie est mouvement ; «la seule alternative au mouvement est l'immobilité, la stase, la mort» ; «l'auteur aime à penser, et espère, que l'œuvre de toute sa vie fait partie d'une littérature vivante». Du «cœur humain et de ses dilemmes» Faulkner croit désormais savoir tout ce que l'on peut apprendre. Il écrit alors Les Larrons (The Reivers), son dernier «tour de force». Un roman comique, l'«heureuse et souriante conclusion d'une carrière», peut-être, mais bien plus que cela : un roman de formation, et la récapitulation de toute l'œuvre dont défilent, sous un éclairage nouveau, les grands motifs et les hautes figures : un grand-père banquier qui a tout du «jeune colonel» Falkner, le portrait apaisé d'un père ailleurs faible ou absent, l'exploration de la barrière raciale, la découverte de la sexualité à Memphis, chez la Miss Reba de Sanctuaire, le Mal qui rôde, incarné par le jeune Otis, un Popeye mineur, et, enfin, deux objets de désir antagonistes et échangeables, un cheval de course apparenté à celui de Parabole et le pétaradant emblème de la modernité, l'automobile, qui, avant d'être un «symbole sexuel national» dans L'Intrus et dans La Ville, était déjà l'un des ressorts de Sartoris en 1929. Les Larrons paraît le 4 juin 1962. Faulkner meurt le 6 juillet, peu après une chute de cheval. Ce volume, dont les traductions ont été profondément révisées, clôt la série de ses romans dans la Pléiade. Un volume consacré aux nouvelles paraîtra prochainement.