Résumé
Pierre Descaves est né à Paris, le 1er janvier 1896, d'une famille d'écrivains et d'artistes. Il avait achevé ses études classiques et se destinait à l'enseignement supérieur, lorsque la guerre de 1914 éclata. Engagé dans l'infanterie, il termina la campagne comme officier et demeura ensuite - pendant cinq années - en Rhénanie, en qualité de fonctionnaire civil, auprès des troupes d'Occupation interalliées. En 1924, il entrait comme rédacteur au service de la politique étrangère du « Petit Journal » ; il participait la même année à la création du « Journal parlé par T.S.F. », à la Tour Eiffel. Après un long passage au journal « Le Journal », il devint - en 1937 - rédacteur en chef de Radio Magazine. Fondateur, en 1925, de la première rubrique de critique radiophonique, dans « Les nouvelles littéraires », il apporta à l'expression purement radiophonique une série d'œuvres qui ont connu une audience internationale, en raison de la qualité de leurs recherches esthétiques ; notamment "La cité des voix" (en 1936, traduit en neuf langues), "Les disciples" (1938), "Il était une compagnie" (1939), "Ligne n°9", "Le sexe neutre", "La femme transparente", "Le Père de Foucauld", et une adaptation, désormais « classique », de "Le rouge et le noir", de Stendhal, etc. Poursuivant simultanément une brillante carrière littéraire, il a donné, comme romancier, de nombreux ouvrages : "L'enfant de liaison", "Le placard à la neige", "Hans le fossoyeur", "Les hommes éparpillés", "L'homme qui n'est pas né", "Le carnet rouge". Essayiste et critique littéraire, il a publié "Nietzsche et l'Europe", "Les compagnons du tour d'Europe", "Le secret professionnel littéraire", et des milliers d'articles dans les plus grandes publications de France et de l'étranger. Mémorialiste et historien des lettres, il a présenté des œuvres aussi variées que "Mes Goncourt", "Visite à mes fantômes", "Les Cent Jours de Monsieur de Balzac" et "Le Président Balzac", où il fait revivre l'une des figures les plus illustres des Lettres françaises et où, dans leur rétrospective actualité, s'animent des groupes littéraires contemporains. Critique dramatique et curieux de l'histoire du théâtre, il a suivi très attentivement l'évolution de la scène moderne et on retrouve les meilleurs traits de son esprit d'observation dans le volume de la collection « Masques et visages » consacré à Gaby Morlay et à l'esthétique du théâtre contemporain. Il n'a cessé, d'autre part, de déployer la plus grande activité en faveur de l'organisation de la profession littéraire pour améliorer la condition humaine de l'écrivain. Il a été appelé à participer aux nombreux travaux des commissions professionnelles et parlementaires, saisies de ces questions. Conseiller littéraire d'une grande maison d'édition, il s'est employé à la réédition des œuvres de Balzac, Taine, Renan, Anatole France, etc., et à la révélation de jeunes talents. Il est membre du jury du Prix Théophraste-Renaudot. Son action en faveur des Lettres, lui a valu - en mars 1950 et en mars 1951 - chaque fois à l'unanimité, la présidence de la Société des gens de lettres ; il cumule les présidences d'honneur du Syndicat des écrivains français et de l'Association des écrivains combattants ; de l'Association de la critique radiophonique française. En octobre 1950, au Congrès des sociétés d'auteurs à Madrid, il a été appelé à la présidence de la Fédération internationale des sociétés de gens de lettres pour une durée de trois années. Son mandat de président international lui a été renouvelé pour une même période au Congrès d'Oslo. Il a présidé, pendant une année, l'Union nationale de la critique française, groupant toutes les associations de critiques (1951-1952). Remobilisé en 1939, il s'était fixé, après la Débâcle, pendant quatre années, dans le Midi de la France, où il entra, dès 1940, dans les organisations de libération. Il a reçu, pour services rendus à la France dans la Résistance, la médaille d'or de la Reconnaissance française. Il est commandeur de la Légion d'honneur, croix de Guerre (cinq citations à l'ordre des Armées), et titulaire de nombreux ordres étrangers. À la date du 5 avril 1953, Pierre Descaves a été appelé à prendre les fonctions d'administrateur général de la Comédie-Française, par décret pris en conseil des ministres. Il a entendu conserver, à l'illustre maison qu'il dirige, son double caractère de tradition et d'esprit de recherche. Dans le même temps, où il faisait entrer au répertoire des œuvres d'Emmanuel Roblès, de Maurice Druon, d'André Josset ou de Jean Sarment, il réveillait l'ancien répertoire, avec des créations aussi imagées que le "Crainquebille" d'Anatole France, "Les amants magnifiques" de Molière, ou que l'"Athalie" de Racine. Dans la même saison 1954-1955, il a monté "L'annonce faite à Marie" de Paul Claudel, "Port Royal" de Montherlant, et un proverbe d'André Maurois "Aux innocents les mains pleines". Il a, avec le plus grand succès, conduit la troupe des Comédiens français en Belgique, en Suisse, en Hollande, en Autriche, en Pologne, en Italie, à Edimbourg, en URSS et, plus récemment encore, au Canada et aux USA, mettant en valeur le rayonnement de la culture et de l'humanisme français.