Les violents de l'automne

A Perpignan, lâ automne est une saison tumultueuse. Le vent violent le dispute à la pluie diluvienne. Un temps à ne pas mettre un flic dehors. Pourtant un retraité pied-noir est retrouvé dans son appartement, assassiné dâ une balle dans la têteâ ¿ Le sigle OAS laissé prÿs du cadavre, la destruction quelques jours plus tard dâ une stÿle controversée et la découverte dâ un autre ancien Français dâ Algérie abattu au volant de sa voiture sÿment la panique dans la communauté.
Le lieutenant Sebag, qui a par ailleurs promis à sa fille de faire toute la lumiÿre sur lâ accident mortel survenu à un de ses amis, est officiellement chargé de lâ enquête. Flic réputé et intuitif, il va, en traquant le tueur avec son équipe, faire ressurgir du passé un mystérieux commando ayant sévi, il y a bien longtemps, du cÿté dâ Alger. Câ est dans ce contexte que les derniers mois de poudre et de sang de la guerre dâ Algérie, ses horreurs, ses espoirs, ses trahisons et ses errances vont remonter à la surface jusquâ à la nauséeâ ¿ Cinquante ans plus tard, il est temps de régler lâ additionâ ¿Aprÿs avoir surfé sur tous les prix polars avec son premier roman, Lâ été tous les chats sâ ennuient, récompensé par le Prix du Premier Roman Policier et le Prix SNCF du Polar 2011, aprÿs nous avoir assené une sacrée claque avec un incroyable second roman, Le Paradoxe du cerf-volant, Philippe GEORGET nous propose aujourdâ hui de retrouver le héros fétiche de son premier polar.
Sebag est flic au commissariat de Perpignan. Câ est un flic réputé et talentueux, doté dâ un sixiÿme sens imparable et qui excelle à se glisser dans la peau de lâ assassin, à renifler sa piste en sâ imprégnant des lieuxâ ¿ Sebag est un intuitif qui promÿne sur chacune de ses enquêtes un regard inspiré qui lui permet (souvent) dâ aller dénicher la vérité là où elle se planque ! Câ est aussi un pÿre attentionné et un mari amoureux parfois rongé de doutesâ ¿ Bref un homme sensible, au monde, à ses proches, à ses incertitudesâ ¿ Dans ce troisiÿme roman, LES VIOLENTS DE Lâ AUTOMNE, Philippe Georget nous entraîne sur les traces dâ une communauté bousculée par lâ Histoire et aujourdâ hui en voie dâ extinction, celle des pieds-noirs.
Cinquante ans plus tard subsistent les souvenirs emmêlésâ ¿ Ceux de la vie au pays, lâ amertume et la désillusion du départ annoncé, la folie, la trahison, les exactions des combattants, la guerre bien sÃ"r, une sale guerre comme les autres, escortée de son cortÿge de saloperies⠿  Puis le débarquement sur cette terre dâ accueil inconnue et inhospitaliÿre. Et la vie qui vaâ ¿ nostalgique ! On frÿle avec frissons, au travers de ces pages un goÃ"t de sang et de fleur dâ oranger, de senteurs dâ épices et de détresse, de douceur dâ une époque révolue et de peur ! La performance câ est la capacité de Philippe Georget à nous entraîner insidieusement au bout du récit, pris dans les mailles dâ un filet quâ il a adroitement tressé.
De fil en aiguille, de page en page, de vies bancales en vieilles histoires, de souvenirs heureux en explosions de haine, on est happé par ce style et ces mots tissés de main de maître. Du style précisément, une atmosphÿre moite, des doutes existentiels, des flash-back saisissants, des vies minuscules, des personnages criants de réalisme⠿ Philippe Georget nous confirme avec brio son réel talent de conteur.
Du grand art !