Résumé
À Mexico, de nos jours, un narrateur qui ne se nomme pas mais que l'on identifie très vite
comme Alberto Ruy Sánchez rapporte qu'il reçoit des courriers énigmatiques, lettres, témoignages,
poèmes souvent rédigés sur des cartes au dos desquelles figurent des dessins de fourmis,
corbeaux et serpents, des collages, photos etc. L'identité de l'expéditeur, homme ou
femme, ne figurant nulle part, il l'appellera « Silhouette », pensant que cette personne lui écrit
d'une prison ou d'un asile. Un jour, on lui livre plusieurs cartons contenant des milliers de
documents émanant tous de cette personne, peut-être un arrière-grand-père aujourd'hui centenaire
émigré aux USA et dont la famille n'a plus jamais eu de nouvelles. Le narrateur
recouvre peu à peu les murs d'une pièce de son domicile avec ces documents, reproduisant
ce « Palais de la mémoire » qu'Oliver Sacks a recommandé à son patient, d'après la méthode
de Mateo Ricci, un jésuite italien du XVIe, destinée à récupérer la mémoire en attribuant un
espace à chaque chose. Peu à peu, une gigantesque mosaïque se dessine, diverses figures
ayant réellement existé apparaissent, telles que Adolf Wolfli que Rilke et Cendrars ont lu, et
Aloïse Corbaz, ayant comme lui subi l'internement en asile psychiatrique, la figure centrale
étant Sylvia Ageloff, travailleuse sociale que Juan, alias John, alias Iván, alias Ioane rencontre
lorsqu'il travaille aux usines Ford à New York avant de partir avec des milliers d'autres
ouvriers en URSS où Ford a vendu son usine. Fille de russes émigrés à New York, après
leur séparation, elle rencontrera Ramón Mercader qui l'utilisera pour approcher Trotski et
le tuer le 21 août 1940.